Grand Slam de Paris : un scénario cruel pour la Bragarde Mélanie Legoux-Clément

Le Grand Slam de Paris a marqué le grand retour à l’international de la Bragarde Mélanie Legoux-Clément, vendredi 2 février. Mais l’aventure a tourné court face à la Serbe Milica Nikolic, en un unique Ippon.

L’Accor Arena commençait doucement à se remplir pour le Grand Slam de Paris 2024. Le cadre était tout trouvé pour que la Bragarde Mélanie Legoux-Clément puisse opérer un retour fracassant sur la scène internationale. Une suite logique, lorsqu’on sort d’un titre de championne de France. Mais, dès le départ, les Dieux du judo ont jugé qu’elle n’aurait pas la vie facile, face à un obstacle imposant dans la catégorie des -48 kg : la Serbe Milica Nikolic, 5^e de la ranking list de la catégorie… alors que la Haut-Marnaise figure au 44^e rang. Un monde d’écart qui se justifie par deux éléments notables : la nouvelle vie de Mélanie Legoux-Clément, maman depuis sept mois, et une préparation non interrompue pour son adversaire. Au moment de se présenter sur le tatami N°4, la Nord Haut-Marnaise, de bleu vêtue, avait les yeux rivés sur sa concurrente du jour. Une surprise était-elle possible ? Nikolic a décidé que non.

Un Ippon et s’en va

Une fois le “Hajime !” prononcé, plus possible de faire marche arrière. La Champenoise a tenté un premier contournement, par la droite de son adversaire, nullement impressionnée. C’est Mélanie Legoux-Clément qui a tenté la première prise. Sans succès. Et Milica Nikolic, médaillée d’argent de l’édition précédente, a jugé qu’il était temps de stopper la récréation. Pour ce Grand Slam de Paris 2024, un tel tirage aurait demandé à Mélanie Legoux-Clément de trouver des forces qu’elle n’a vraisemblablement pas encore depuis son accouchement. Nikolic a rapidement entrevu la faille dans la garde de la Bragarde et a alors tout joué sur le sol. Impossible pour Mélanie Legoux-Clément de se défaire de l’étreinte de la Serbe, alors qu’elle la connaissait bien pour l’avoir combattue plusieurs fois. Les vingt secondes ont dû passer à toute vitesse ou semblé durer une éternité. Nikolic a fait en sorte de poursuivre son aventure, tandis que celle de la Haut-Marnaise s’est arrêtée en moins de deux minutes sur cet Ippon.

Son coach, Clément Legoux, était bien entendu positionné dans l’Arena pour suivre sa protégée.

« Peut-être un peu tôt »

« Gagner le championnat de France était déjà une chose fantastique », relate t-il d’ailleurs, même si « on s’attendait, elle comme moi, que repasser au niveau international, sans avoir la même préparation que les autres, ça allait être très compliqué ». Mais cette défaite dès l’entrée en lice peut tout de même être prise avec une certaine philosophie. « Retourner à l’international était déjà un beau défi pour quelqu’un qui n’a accouché qu’il y a sept mois. C’était peut-être un peu tôt pour prétendre à une médaille. »

Désormais, Mélanie Legoux-Clément aura les prochains championnats de France dans le viseur, avec quelques tournois entre-temps. Il faut dire que l’équipe de France aura déjà ses occupations, avec les Jeux de Paris qui approchent.

« Elle pourra faire des tournois de clubs dans les mois qui arrivent, donc ce sera une bonne préparation », avance Clément Legoux, qui a tout de même un “mot de la fin” positif. « Sa seule présence ici, à Paris, est sa récompense pour son titre national. Et rien que pour ça, le contrat est rempli. »

Les chances haut-marnaises seront désormais défendues, dimanche 4 février, par un autre Bragard, Axel Clerget, en -90 kg. A condition de se défaire du Bulgare Ivaylo Ivanov.

Bastien Dauby

b.dauby@jhm.fr

Interview de Mélanie Legoux-Clément

« La moindre faille ne pardonne pas »

La première journée du Grand Slam de Paris n’a pas duré longtemps pour la Bragarde Mélanie Legoux-Clément, vendredi 2 février. Mais elle n’est pas abattue pour autant d’avoir perdu contre Milica Nikolic et garde le sourire.

jhm quotidien : Qu’avez-vous en tête après ce combat, pour votre retour à l’international ?
Mélanie Legoux-Clément : « C’était vraiment un grand plaisir. Si on m’avait dit il y a un an et demi que j’allais être alignée au tournoi de Paris, j’aurais signé tout de suite ! Il n’y avait pas vraiment de stress et j’étais soucieuse de faire quelque chose de bien. Cela ne s’est pas passé comme je l’aurais voulu, face à une combattante que je connais bien. Mais il fallait en passer par là. »

jhm quotidien : Vous avez attaqué en premier, mais elle a vite trouvé la faille. Qu’est-ce qui, selon vous, vous a empêché de vous battre plus longtemps ?
M. L. C. : « A vrai dire, je pensais que j’étais plus performante sur la défense au sol. Sa stratégie était bien établie pour que je tombe dans son piège. Finalement, elle m’a dupée et m’a vite coincée. La moindre faille ne pardonne pas et elle s’y est engouffrée directement. On n’avait pas la même préparation. A moi de bien me remettre à niveau en affrontant des filles de son niveau en stage. »

« Envie de continuer »

jhm quotidien : Ce combat, même s’il a été écourté, vous a t-il permis de prendre beaucoup d’enseignements pour la suite ?
M. L. C. : « C’est difficile de tirer beaucoup de conclusions sur un combat aussi court, car je me sentais bien. Je ne sais pas si j’aurais été capable de faire un gros match. Ce retour à l’international présage tout de même de belles choses. Il y aura du travail pour réussir à de nouveau faire de belles choses sur des tournois comme celui-ci. »

jhm quotidien : Qu’est-ce qui vous attend, durant cette année olympique ?
M. L. C. : « Ce qui est sûr, c’est que je ne serai pas la priorité de la Fédération, qui se concentrera davantage sur les deux qualifiées aux Jeux. Mais il y aura des compétitions avec des places libres, puisqu’elles n’y participent pas. Et avec le club (de Marnaval) on s’est positionnés sur des compétitions de clubs. Le combat de vendredi m’a permis d’y voir clair sur ce que je devrai faire cette année. »

jhm quotidien : Qu’est-ce que cela vous fait de savoir que votre équipier, Axel Clerget, qui est lui aussi en lice, dimanche 4 février, à Paris ?
M. L. C. : « C’est vraiment fou à vrai dire. C’est un exemple pour moi : il a beau avoir 35 ans, il est toujours là, se donne à fond et il est à deux doigts d’aller chercher une place aux Jeux ! Et c’est rassurant, car ça me donne envie de continuer, car c’est encore possible. Je lui souhaite vraiment la plus grande réussite pour
dimanche. »

Recueillis par B. D.