Golf R : Elle chante et enchante
Version la plus puissante de l’histoire, la Golf R qui allie efficacité et performances, peut se mener tranquillement au quotidien, puis s’encanailler et devenir rageuse. Le feu et la glace pour ce modèle bluffant qui passe presque inaperçu, dans le flot de la circulation. Et pourtant…
Modèle qui a déjà marqué l’histoire, la Golf s’est régulièrement réinventée, en conservant les qualités qui en ont fait une référence mondiale dans le créneau des compactes. Au fil des décennies, elle a pris de l’assurance et du muscle pour les versions les plus sportives. La légendaire GTI a tracé la route et séduit les amateurs de sensations fortes. Souvent copiée, pas vraiment égalée, la GTI qui a vu le jour en 1980, s’est bodybuildée et bonifiée avec le temps. Mais les ingénieurs de la firme de Wolfsburg ont voulu aller encore plus loin.
C’est ainsi qu’est née la Golf R en 2002. Deux décennies plus tard, la R dernière génération se prête à tout, pour peu qu’on lui demande l’impossible!
320 chevaux de feu
Avec ses 320 ch, sa transmission 4Motion, et son mode Drift., la plus puissante des Golf dévoile des atouts que bien des concurrentes lui envient.
Extérieurement, elle se distingue par une ligne plus agressive : boucliers redessinés, ajourés à l’avant, spoiler arrière, diffuseur noir brillant, doubles sorties d’échappement , rétroviseurs gris mat, logo « R » apposé au centre du hayon.
La caisse a été abaissée de 20 mm, les ressorts et amortisseurs, raffermis, le contre-carrossage augmenté à l’avant, tandis qu’un nouveau système électronique régit la suspension pilotée, l’antidérapage et la transmission intégrale.
L’habitacle demeure sobre et ergonomique. Le tableau de bord numérique Digital Cockpit possède six modes d’affichages avec des informations latérales configurables à souhait. Les sièges « Sport » , le volant incluant un bouton « R » dédié aux modes de conduite, le pédalier en inox brossé, les inserts typés carbone, ajoutent une touche de sportivité. L’importante panoplie technologique, le système d’info-divertissement dernier cri, et l’équipement complet sont à la hauteur des ambitions de ce modèle spécifique.
Entre raison et déraison
Comme ses petites soeurs, cette Golf affiche un bon niveau de finition, et une qualité de fabrication irréprochable. Quand on est une référence depuis près de 50 ans, on ne peut dévier de la trajectoire ascendante et oublier les acquis des décennies conquérantes.
La sportive de Wolfburg, qui peut se faufiler avec aisance dans la circulation urbaine, ou jouer les coquettes dans les quartiers chics, préfère cependant afficher son tempérament bouillant dés que l’on caresse la pédale d’accélérateur. Le coeur de la belle se trouve en effet sous le capot où frétille un 4 cylindres 2.0 turbo. Ce bloc de quatrième génération développe 320 ch avec 420 Nm de couple, soit 20 ch et 20 Nm de plus que la précédente génération, mais près de 50 kg de surcharge pondérale.
Ce moteur est secondé par la boîte double-embrayage DSG à 7 rapports (avec palettes au volant).
Bien installé dans le siége sport, il suffit alors de choisir entre les différents modes de conduite, en fonction de votre parcours et de votre humeur.. Rouler calmement ou se faire plaisir? La « déraison » prend vite le pas sur la raison, tant les montées en régime sont pulsionnelles, et addictives.
De la ville à la piste
En mode Confort, c’est la ballade cool. La boîte DSG s’occupe de tout, et vous avalez les kilomètres sur autoroute, en oubliant les pompes à essence. Largement moins de 8 litres : raisonnable avec 320 ch de réserve. En optant pour la position Sport, avec le pied plus lourd, la cavalerie se réveille, la DSG s’avère plus réactive . Et que dire du mode Race! RRR!
L’allemande devient agressive, presque bestiale, la direction se durcit, la suspension se raffermit, la boîte se libère. Le quatre cylindres gronde, pousse très fort jusqu’à 6000 tr/m. L’échappement Akrapovic (en option) en rajoute, crépite à souhait dans les phases de décélération. De quoi rêver de circuit, d’autant que la transmission 4Motion associée à une répartition de couple vectorielle permet d’envoyer 100% de la puissance transmise à l’arrière, sur la roue extérieure (fonction « Torque Vectoring »). Ce qui autorise un passage en courbe plus rapide et, de jolies dérives pour qui maitrise le sujet.
Avec cette cavalerie, la R affole les chronos. Il lui suffit de 4″7 pour passer de 0 à 100 km/h, les reprises étant à l’unisson.
Avec son châssis rigide et bien équilibré, ses trains calibrés, sa transmission intégrale, son freinage mordant et endurant, la sportive de VAG ne réserve aucune mauvaise surprise. Elle est prévenante, et même joueuse quand les conditions routières le permettent. Une petite route, des virages et vous avez l’impression d’être assis dans une voiture de « course », avec une sonorité qui fait tourner les têtes . Bien sûr, l’amortissement est pour le moins ferme, notamment sur les chaussées dégradées, mais le maintien s’avère excellent avec les sièges Sport.
La R chante et enchante. C’est un peu Docteur Jekyll et Mister Hyde. Ange ou démon, selon. Douce ou brutale, sage ou intrépide, elle est capable de tout.
Modèle iconique, l’allemande, qui se « métamorphose » à la demande, demeure polyvalente, homogène, mais surprenante.
Pour la conquérir, iI faudra débourser plus de 52 000 euros (hors malus), et dépasser les 60 000 euros en incluant quelques options comme l’amortissement piloté, l’échappement Akrapovic, le pack R-Performance ou l’affichage tête haute.
Réservée à une clientèle aisée et passionnée, la plus aboutie et la plus radicale des Golf possède un incontestable pouvoir de séduction. Amateurs de sensations fortes… !
Essai Jean-Pierre Guilletat