Germaine Lalo, Juste parmi les nations
CES ILLUSTRES INCONNUS DE LANGROIS. Directrice d’un pensionnat pour jeunes filles à Saint-Léonard-de-Noblat, une petite commune de Haute-Vienne, durant la Seconde Guerre mondiale, la Langroise Germaine Lalo, née Defaix, a pris des risques personnels considérables en accueillant clandestinement de jeunes filles juives dans son établissement, sous de fausses identités. Elle a été consacrée “Juste parmi les Nations” par le Yad Vashem.
Langres a vu naître une véritable héroïne. Et ne la connaît pas, ou à peine. Née Defaix dans la cité de Diderot le 29 mars 1893, Germaine Lalo a été consacrée “Juste parmi les nations” à titre posthume, le 28 novembre 1994, par le mémorial Yad Vashem, pour avoir sauvé des dizaines de jeunes Juives d’une mort certaine, durant la Seconde guerre mondiale.
Peu d’informations, comme souvent, existent sur sa jeunesse langroise. Il est établi que son père était scieur de bois, et qu’elle est issue d’une famille modeste, la famille Defaix. Elle a probablement passé son enfance et son adolescence à Langres, avant de déménager à Guéret (dans la Creuse) où elle épouse M. Lalo. En 1934, Germaine Lalo devient directrice d’un pensionnat pour jeunes filles, à Saint-Léonard-de-Noblat, une petite commune de Haute-Vienne.
Sa vie aurait alors pu, aurait dû, être parfaitement tranquille et sans éclat particulier… si l’Histoire n’était venue la rattraper. Indignée, en 1940, par l’armistice et par la politique de collaboration du régime de Vichy, Germaine Lalo s’engage dans la Résistance. Elle vient en aide aux maquisards et Résistants et, en 1944, elle est en lien avec le Dr Hemmer, du consulat américain, pour ravitailler les aviateurs américains parachutés dans la région.
Dénoncée, emprisonnée et finalement libérée
Mais c’est essentiellement son attitude héroïque en faveur des enfants juifs qui lui vaudra sa postérité. En 1943, de nombreux Juifs sont hébergés et cachés dans la ville voisine d’Eymoutiers. La situation y devient, toutefois, extrêmement périlleuse, à mesure que la Gestapo de plus en plus suspicieuse. Les familles juives présentes cherchent alors à évacuer leurs enfants, au cas où. Profitant des facilités de son poste de directrice du pensionnat, Germaine Lalo entre en contact avec elles et décide d’héberger 33 fillettes juives d’Eymoutiers, sous de fausses identités. Elle les protégera jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale.
En juin 1944, elle est cependant dénoncée par une des enseignantes et arrêtée par la Milice française. Sans que l’on ne connaisse les tenants et aboutissants, elle est miraculeusement libérée après trois semaines de détention et continue ses activités. Elle se retire ensuite à Guéret après la guerre, où elle meurt le 12 mars 1975.
Outre sa consécration comme Juste parmi les Nations, à titre posthume, Germaine Lalo a été décorée de la Médaille de la Résistance. Une rue porte son nom à Guéret, ainsi qu’à Saint-Léonard-de-Noblat.
Nicolas Corté