Georges Guyon, l’élégance du cœur
La chaumontaise Laurence Elisabeth Dujancourt consacre un livre à Georges Guyon, « architecte de l’élégance et bâtisseur au grand cœur ». Elle va bien au-delà en sublimant l’architecture et en profite pour participer à la réfection des vitraux de Jacques Grüber à la basilique Saint-Jean.
Lorsqu’elle marche dans les rues de Chaumont, Laurence Elisabeth Dujancourt ne regarde jamais le bout de ses pieds. Elle observe. Elle regarde et voit des choses que d’autres ne voient pas forcément. Elle est l’auteure de l’ouvrage « Georges Guyon, architecte de l’élégance et bâtisseur au grand cœur », uniquement disponible à la librairie Apostrophes.
Elle explique que « la ville de Chaumont fut son berceau puis le théâtre d’une jeunesse éblouie par les façades ornementées de ses belles maisons ». Ces réminiscences furent sans doute, pour elle, à l’origine de sa passion pour l’œuvre de l’architecte Georges Guyon. L’homme a modelé le visage de Paris et de sa petite couronne. Architecte réputé pour ses immeubles de rapport, pavillons, villas, écoles, réalisations industrielles, patrimoine funéraire et bâtiments de bienfaisance. Il fut l’un des pionniers des logements sociaux « HBM » pour lesquels il obtint cinq médailles d’or dont deux aux expositions universelles de 1900 à Paris et de 1904 à Saint-Louis (Etats-Unis).
Au cours des années consacrées à cet ouvrage, elle s’est sentie tour à tour « l’élève, la compagne du devoir, l’amie, la portraitiste, l’avocate et même la contemporaine de ce grand Monsieur ». Parallèlement à ces recherches, elle a tenu à étudier des constructions réalisées à Chaumont, à la même époque, par d’autres architectes talentueux et passionnés (voir encadré).
Aujourd’hui revenue au présent et à Chaumont, Laurence Elisabeth Dujancourt affirme que Georges Guyon fut, est et sera le contemporain intemporel de tous les architectes dotés d’empathie envers les futurs occupants de leurs bâtiments. Elle l’affirme : « plus d’un siècle après son décès, par l’excellence de son travail acharné, sa rigueur, sa créativité, son ingéniosité et son humanisme qui l’a poussé vers les logements sociaux, ce maître continue d’éclairer le chemin d’une architecture bientraitante ».
D’ailleurs, l’auteure remarque que ses disciples conçoivent déjà des projets élégants, confortables, abordables, adaptés aux besoins des humains et de la nature environnante. Elle appelle cela « l’élégance du cœur ».
Frédéric Thévenin
Regard croisé entre Georges Guyon et des architectes chaumontais
Georges Guyon est né en 1850 à Angers et est décédé en 1915, à Saint-Maurice. Durant sa carrière, il a croisé de nombreux architectes chaumontais ou s’en est inspiré. Il s’agit de François Frédéric Delaveuve, Jean-Louis et Louis Auguste Dupuy, François Ernest Gaullet, Nicolas Marcellin Grappotte, Louis Perreau ou François Ragot. Tous ont dessiné Chaumont et ont fait de la ville ce qu’elle est architecturalement. La façade de la Caisse d’Epargne en est l’exemple par excellence.
Georges Guyon a également travaillé avec Lucien Weissenburger. Membre de l’école de Nancy, il est l’un des principaux architectes à travailler dans le style de l’Art nouveau en Lorraine.
Les vitraux de Jacques Grüber de la basilique Saint-Jean
A chaque vente de l’ouvrage de Laurence Elisabeth Dujancourt, une partie de la somme est destinée à la restauration des vitraux de Jacques Grüber. Les verrières sont visibles dans l’abside de la basilique Saint-Jean à Chaumont. L’auteure s’est engagée à verser cette somme à l’association Innovatis Basilica, association reconnue d’utilité publique, qui a pour objet la rénovation intérieure de ce patrimoine.
La restauration de ce vitrail de la Basilique Saint-Jean-Baptiste, propriété de la ville de Chaumont, intervenue à l’automne 2021 après autorisation de la Direction régionale des affaires culturelles et sous son contrôle scientifique et technique, a été menée par la Ville de Chaumont pour un montant total de 33 493 € HT et subventionnée à hauteur de 40% par la DRAC. Ainsi, les dons qui seront faits par l’intermédiaire de la vente de ce livre ne pourront pas concerner la restauration de ce vitrail endommagé suite à la tempête de décembre 2019 (NDLR : mais pour d’autres choses).
Jacques Grüber est né en 1870, à Sundhouse, en Alsace, et est mort en 1936 à Paris. Maître verrier, peintre et ébéniste français, il est un des membres fondateurs de l’Ecole de Nancy. Il était artiste décorateur au service des frères Daum. Connu pour faire de l’Art nouveau, il s’est tourné vers l’Art déco à la fin de sa carrière.
L’abside de la basilique est à trois niveaux. En bas, une suite d’arcades à voussures massives complétée d’une grille (peut-être dessinée par Jean-Baptiste Bouchardon) ferme le chœur. Les trois verrières principales reçoivent des vitraux de Jacques Grüber dont une partie vient d’être restauré.
Les vitraux de la basilique sont rattachés à l’Art déco, moins réaliste et plus stylisé. Concrètement, en Art nouveau, une feuille est représentée avec des détails. En Art déco, elle a une forme plus géométrique.
Fin octobre, les verriers de l’atelier Parot ont fixé le vitrail de la basilique Saint-Jean-Baptiste, tombé suite à de forts coups de vents en décembre 2019. Environ 60 % du vitrail avait alors été détruit. La partie nouvellement rénovée se situe tout en haut à droite du triptyque du chœur de la basilique. Ses composants ont été envoyés en réparation en septembre. Tout ce qui a pu être conservé et réutilisé l’a été. Néanmoins, certaines pièces ont été remplacées.
La remise en état et la réinstallation du vitrail ont nécessité un investissement de 40 000 €. La moitié a été consacrée à la mise en place des échafaudages. Une subvention couvre 40 % de la somme.