Gel éclair – L’édito de Patrice Chabanet
L’épisode de gel qui a sévi dans une grande partie de la campagne française a provoqué une catastrophe économique. Les viticulteurs et les producteurs de fruits ont vu leur travail anéanti en quelques heures. La réponse du gouvernement a été rapide: déplafonnement immédiat de l’indemnisation pour calamités agricoles et enveloppes exceptionnelles pour être à la hauteur des dégâts. La célérité de l’exécutif, en temps réel, tranche avec les atermoiements et les retards qui ont accompagné la lutte contre la Covid. La leçon a été bien retenue. Il faudra juste attendre pour savoir quel sera le délai qui séparera l’annonce de ces mesures d’exception et leur application.
Les dédommagements sont nécessaires pour compenser des récoltes qui ne viendront pas ou seulement en très faibles quantités. Mais se pose, cette année encore, la question climatique. En l’espace de quelques jours, le thermomètre est passé de plus de 20 degrés à moins 5 degrés et au-delà la nuit une semaine plus tard. La nature qui avait pris de l’avance a été rattrapée par le couperet du gel. Ces variations aussi soudaines que destructrices se multiplient, transformant le travail des agriculteurs en activité aléatoire. Les indemnisations ne sont qu’un pis-aller et certainement pas un mode de fonctionnement.
Dès
à présent, il faut songer aux solutions à long terme. La seule qui
vaille pour apporter une réponse structurelle, systémique dirait-on
aujourd’hui, serait de remplacer les plantations d’aujourd’hui par
des variétés plus résistantes ou de les… déplacer
géographiquement. Un bordeaux à 15 degrés ne sera plus un
bordeaux. Mais on ne transforme pas un modèle agricole en quelques
mois. En attendant, d’autres désordres climatiques risquent de se
produire et de saccager nos récoltes. La semaine prochaine, d’autres
gelées nocturnes sont annoncées qui pourraient détruire les
quelques hectares qui ont été épargnés. Sale temps pour
l’agriculture.