Gasquet : « Murray ne rate pas un retour »
Ce match était bien équilibré pendant les deux premières
manches. Que s’est-il passé ensuite ? Avez-vous baissé de pied
physiquement ?
Richard Gasquet : «Non. Franchement, Andy a bien joué à partir de
la deuxième manche, lorsqu’on était à cinq partout, 30-0, il a fait des
services incroyables et pareil dans le “tie-break”, je menais 3/1 et tout
d’un coup, il a joué de façon incroyable. Au début du troisième set, je
me suis dit que c’était à moi de le pousser pour le faire jouer. Il a très
bien répondu. Pour moi, c’était difficile de perdre 3-0 dans la troisième
manche. Après cela, dans la quatrième, c’est devenu un peu plus
difficile pour moi physiquement. En tout cas, c’est simplement qu’il a
mieux joué que moi. Après cela, il n’a pas loupé un seul retour et les
courts étaient très lents. C’est difficile dans ce cas-là vu mon style de
jeu, notamment lorsque je sers contre quelqu’un comme Murray qui ne
manque aucun retour, c’est très dur.»
En général, on dit qu’il est difficile pour les Français d’accepter la
pression à Roland-Garros, mais là, cela ne vous a pas gêné, vous
avez passé un bon moment. Est-ce votre sentiment ?
R. G. : «Non, ce n’est pas à cause de la pression que j’ai perdu ce
match, c’est juste qu’il a joué mieux que moi. Je ne sentais pas la
pression lorsque j’étais sur le court.»
Pour revenir sur cette bascule, est-ce que vous n’avez pas le
sentiment que vous avez payé vos efforts sur les deux derniers
sets ?
R. G. : «Un peu sur le quatrième, mais pas sur le troisième, parce que
j’étais frais, c’est juste qu’il ne rate pas un retour. C’est impressionnant.
A chaque fois, je servais les angles, il remettait tout, c’est ce qui m’a
fait mal. Le deuxième set était difficile. A chaque fois, il trouvait la
parade, il servait mieux, il retournait mieux. Il s’est lâché ensuite au
début du troisième, il était plus entreprenant, il retournait incroyable-
ment. La surface était difficile. Je n’ai eu aucun service gratuit pendant
3 h 30’, c’est difficile. C’est le meilleur au monde avec Djokovic. C’est
un joueur très solide.»
Au-delà du physique, sur quoi cela s’est-il joué ?
R. G. : «Je ne vais pas dire qu’au quatrième, j’étais mieux qu’au pre- mier. J’ai rarement vu un court aussi lent et des balles aussi grosses, cela m’aidait encore moins parce que je faisais des points en quinze frappes. C’est sûr qu’au bout d’un moment, c’est compliqué, surtout après avoir raté le deuxième set. Tu sais qu’il se relâche un petit peu et après, il a “joué monstrueux” tout simplement. A chaque fois, il ne fallait pas rater une défense, il était partout. Il prenait tôt la balle et au quatrième, j’ai eu un peu moins d’énergie. La demi-seconde de moins que tu as et la force que tu as un peu moins dans les jambes, je les ai payé cash.»
Que se serait-il passé si vous aviez empoché la deuxième manche ?
R. G. : «C’était un autre match, c’est clair. C’est toujours compliqué, mais ça devenait un autre match, parce qu’il restait un set à prendre sur trois, il pouvait tout se passer. Il a joué un début de troisième phé- noménal, et peut-être qu’il n’aurait pas joué de la sorte, mais c’est vrai que le retour m’a vraiment bluffé sur toute la partie.»
Avez-vous des regrets sur le le “tie-break” ?
R. G. : «Oui, c’est là que cela se joue. Cela se voit sur le score derrière. Après, lui aussi joue mieux, il est plus relâché, il fait un début de troi- sième exceptionnel. C’est vrai que le match se joue beaucoup sur ce set. A deux sets à zéro, cela aurait été un match totalement différent. Il a beaucoup mieux joué, alors que pour moi, c’était plus difficile, mais c’est vrai que c’est dommage de ne pas remporter ce “tie-break”. Encore une fois, je n’ai pas fait pas d’erreur stupide, il a mieux joué.»
Propos recueillis par N. C.