Garbine sur les traces d’Arantxa
Garbine Muguruza a remporté, hier, son premier sacre en Grand chelem, à Roland-Garros. La jeune Espagnole a battu la reine du circuit, qui n’égale pas le record des tournois majeurs remportés et reste à une longueur de Steffi Graf.
Sur la terre battue parisienne, la longiligne Garbine Muguruza a détrôné la reine Serena Williams, qui court toujours après le record de Steffi Graf (22 Grands chelems), en deux manches (7-5, 6-4). Muguruza, qui succède à Arantxa Sanchez, vainqueur ici même en 1998 et présente hier, sans parler de la lignée de spécialistes chez les garçons qui ont inscrit leur nom au palmarès (Moya, Costa, Ferrero, Nadal, nonuple vainqueur), a écrit le premier chapitre d’un roman qui s’annonce passionnant.
Cette finale était le remake de celle de Wimbledon, il y a deux ans, remportée par le rouleau compresseur américain. Mais Muguruza avait gagné le seul affrontement à Paris, il y a deux ans, en deux petits sets. L’histoire s’est répétée Porte d’Auteuil dans un match avec beaucoup plus d’enjeu.
Si la partie n’a pas atteint des sommets, avec beaucoup de déchet, c’est surtout à cause de l’Américaine. Inconstante, enchaînant les fautes directes et les mauvais choix, timorée au retour, la protégée de Patrick Mouratoglou a été constamment derrière au score. En face, Garbine, qui a pourtant commis plus de fautes directes et moins de coups gagnants que Serena dans la feuille de statistiques, a pris sa chance, toujours agressive et dictant le jeu dans les points importants (4-2, puis 6-5), en avançant dans le terrain, en coup droit comme en revers et en s’appuyant sur une belle qualité de service.
L’Espagnole gère ses nerfs
Le seul moment chaud pour la jeune Espagnole s’est déroulé à 5-3, dans le second acte, où la cadette des sœurs Williams (34 ans), déjà lauréate à trois reprises à Paris, a sauvé quatre balles de match avec brio, avant de remporter son service. Malgré la tension qui a logiquement rattrapé la joueuse du Breton Sam Sumyk, grâce à des bonnes premières balles, Muguruza plie l’affaire sur un lob mal jugé par une Américaine à côté de ses pompes et qui retombe dans le terrain. Passée près de la catastrophe contre Yulia Putintseva, en quarts de finale, la reine a chuté. Comme contre Kerber en Australie. Le record de Steffi Graf attendra, même si Margaret Court demeure N°1 au niveau des tour- nois majeurs remportés (24). «Garbine a très bien joué les points cruciaux, ce qui n’est pas mon cas. J’aurais pu mieux ser- vir, j’ai fait beaucoup d’erreurs au retour. Mon adversaire a fait preuve d’agressivité. Elle frappe la balle très fort. L’avenir est reluisant pour elle», a réagi l’Américaine, qui ne s’est pas éternisée en conférence de presse. Au niveau physique, cela allait. Il a fallu faire avec l’adducteur. Je ne vais pas chercher d’excuses. Elle mérite sa victoire.» L’Ibère de seulement 22 ans, qui n’avait
jusque-là remporté que deux tournois mineurs, s’écroule dans la terre battue, avant une belle accolade entre les deux championnes. «J’ai essayé de rester calme quand j’ai raté les quatre balles de match. Sur la balle de match, j’ai regardé l’arbitre et il ne m’a rien dit. Est-ce que j’ai gagné Roland-Garros ? Puis il a dit jeu, set et match. C’est fantastique. J’ai atteint deux fois les quarts de finale ici. J’étais plus nerveuse à Wimbledon», s’est réjouie la lauréate qui a reçu un tweet de félicitations du patron des lieux, Rafael Nadal. On lui souhaite d’avoir le même palmarès…
Nicolas Chapon