Fuite en avant – L’édito de Christophe Bonnefoy
Vladimir Poutine ne se bat pas que contre l’ennemi qu’il a lui-même agressé. Pas uniquement, non plus, contre une partie de la planète qui, indirectement, participe à l’effort de guerre ukrainien. Signe d’une situation qui pourrait lui devenir infernale – et intenable -, c’est maintenant à l’intérieur même de la Russie qu’il est obligé de montrer les muscles. A Moscou et ailleurs, ça gronde. Ce n’est pour le moment qu’un frémissement. Mais qui pourrait se transformer en révolte. On n’ose dire en insurrection, tant cela apparaît encore surréaliste, dans cette Russie – anciennement URSS – dont les dirigeants ont toujours eu la main de fer. Et pourtant…
Dans un pays dont la population a plus l’habitude d’obéir que de chercher à s’émanciper, la guerre engagée en février par Poutine apparaît de moins en moins légitime. Quand bien même les Russes l’auraient un jour considérée comme juste. Autrement dit, la colère commence à se faire entendre. Il ne se passe ainsi plus un jour sans que la mobilisation décrétée par le Kremlin ne soit contestée dans la rue. Pour l’instant, le Président la contient… en ordonnant l’arrestation des manifestants. La méthode habituelle. Dans le même temps, se met de facto en place ce qui n’est pas encore un exode, mais pourrait vite y ressembler : la fuite vers les pays voisins de ceux qui refusent d’aller servir de chair à canon pour pallier les faiblesses d’une armée boîteuse.
Plus loin des caméras (forcément), il est fort probable qu’autour de Poutine commence à se mettre en place une réflexion sur l’après… Un début de la fin qui commencerait à se dessiner ? Peut-être…
Reste qu’il n’y a pire danger, en dictature (même si elle n’en porte pas officiellement le nom), qu’un Président engagé dans une fuite en avant. On a pu en avoir un aperçu lors de la dernière intervention du maître du Kremlin… Poutine est acculé. Sa réponse : la surenchère.