Fugain à Saint-Dizier : «C’est parce qu’on a la pêche qu’on fait de la musique»
Michel Fugain sera demain soir (samedi 28 novembre) sur la scène des Fuseaux avec Pluribus, un groupe de musiciens d’horizons musicaux très différents, et une énergie intacte. Ensemble, ils revisitent les chansons du Big Bazar et du chanteur.
JHM : Vous tournez depuis bientôt 50 ans. Et vous semblez avoir toujours la même énergie. Quel est votre secret ? La musique ?
Michel Fugain : Une ligne de coke en se levant le matin ! (rires). Non, je plaisante. Je ne sais pas répondre à cette question. La musique, on en fait tout le temps. C’est parce qu’on a la pêche qu’on fait de la musique, pas l’inverse. Il faut beaucoup d’énergie pour en faire, sinon on fait des trucs sirupeux et fades.
JHM : Le Big Bazar, c’était les années 1970, les années de l’insouciance et de la fête. Ce serait encore possible de faire le Big Bazar aujourd’hui ?
M. F. : Je pense que non. Le Big Bazar n’a émergé que parce que la société en avait besoin. Les gens avaient besoin d’un truc qui parlait d’espoir après 1968, à un moment où toute la France était figée. Nous, on arrivait là et on chantait des lendemains qui chantent. Ça plaisait autant aux mômes qu’aux parents. C’est devenu un phénomène de société. Et il faut se rappeler que, dans les chansons du Big Bazar, il y avait un esprit très critique que les gens n’avaient jamais entendu. Et puis, dans le même temps, il y a eu la naissance du mouvement punk, «no future». C’était tout l’inverse de nous. Le système marchand a mis le grappin dessus – on retrouvait des punks qui habitaient dans le seizième ! – alors on s’est arrêté, à ce moment-là. Mais attention, on nous imaginait en train de passer notre temps à fumer des pétards, mais ce n’était pas du tout la réalité. Nous, on était plus kibboutz et coopérative, que pétard. A l’époque, on ne gagnait que 250 balles. On bossait.
JHM : Vous jouez sur scène avec Pluribus. Pouvez-vous les présenter ?
M. F. : C’est une bande de musiciens. De très bons musiciens ! Ils arrivent d’horizons très différents : de la musique latino-américaine, on a une violoniste qui vient de Gotan Project. On est douze sur scène, ce qui est une démarche aberrante pour des producteurs normaux à l’heure actuelle, où on nous dit plutôt de tourner avec le moins de monde possible pour limiter les budgets. Et moi, je suis le chanteur.
JHM : Mais alors, Fugain solo, c’est fini ?
M. F. : Non, mais au bout de 50 ans, on doit savoir ce qu’il fait Fugain ! J’en avais marre des rythmiques basse-batterie où les mecs bougent la tête. Ce qui m’intéresse, c’est de bander, de faire des trucs que je n’ai pas fait. Et Pluribus, je n’avais jamais fait. Moi, je ne fais pas de variété, je suis un chanteur pop ! On fait de la musique populaire ! On veut donner un spectacle le plus copieux possible à un public populaire, le nôtre.
Propos recueillis par Frédéric Thore