Front désuni – L’édito de Christophe Bonnefoy
Fonctionnaires, agents SNCF ou hospitaliers prêchent évidemment chacun pour leur paroisse. Mais ils évoquent aussi souvent une convergence des luttes qui donnerait beaucoup plus d’impact à une contestation qui, il faut bien l’avouer, semble s’essouffler, si tant est qu’elle ait réussi jusqu’à maintenant à prendre du muscle. On leur souhaite bien du courage. Car du côté des syndicats, non pas au sein de la Fonction publique, de la compagnie ferroviaire ou du monde de la santé mais plutôt au niveau des centrales -, les avis… divergent. Le défilé du 1er mai risque donc de laisser un goût amer à tous ceux qui tirent un bilan mitigé de la première année du quinquennat d’Emmanuel Macron et aimeraient afficher un message clair, sous une même bannière.
Traditionnellement, les syndicats sont le ciment qui permet de fédérer les colères pour les traduire en revendications simples et marquantes. Pour plus d’efficacité. Or, c’est justement sur la convergence que l’unité vole en éclat. Quand la CGT en a fait un cheval de bataille, les autres pensent au contraire qu’elle est le meilleur moyen de ne jamais obtenir de «résultats pour les travailleurs», dixit la CFDT. Visiblement, le 1er mai unitaire a vécu.
Et ce n’est pas le chef de l’Etat qui va s’en plaindre. Il lui est plus confortable de tabler sur des bisbilles entre syndicats – et de s’en servir -, qu’avoir devant lui un front uni dont il n’arriverait pas à se dépêtrer. Même plus besoin de diviser pour mieux, non pas régner, mais faire passer les réformes.
Pour autant, les foyers de contestation sont bien réels. Syndicats unis ou pas, l’erreur serait d’ignorer les colères, même diffuses.