Frappé à la tête – L’édito de Patrice Chabanet
Des coïncidences ont parfois valeur de symbole. Au moment où notre pays commémorait le cinquième anniversaire du Bataclan nos troupes éliminaient un responsable d’une filiale d’al-Qaïda au Mali. Un coup de maître pour l’armée française. Autant le terrorisme islamiste parvient à commettre des attentats sur notre territoire, autant l’armée française réussit à frapper durement la mouvance djihadiste au Sahel. Fin octobre déjà, elle neutralisait, comme on dit aujourd’hui, une cinquantaine de ses membres. Il faut y voir l’effet conjugué de l’expérience acquise sur le terrain, du professionnalisme des forces spéciales et du recours aux meilleures technologies. Malgré un nombre restreint de soldats engagés sur le terrain eu égard à la taille des territoires concernés, la France dispose d’outils perfectionnés pour traquer les terroristes : les drones et les satellites permettent de suivre tout regroupement suspect et de lancer l’alerte. Dans ce combat, l’adversaire n’a aucune chance. Au demeurant, dès que les hostilités s’engagent, l’armée française parvient à ses fins sans perdre un seul homme.
Ces succès militaires donnent de la substance à l’engagement de la France dans cette région du monde. La lutte armée contre al-Qaïda et l’Etat islamique, ça marche. La preuve. Mais notre pays ne pourra pas éternellement faire le sale boulot pendant que ses partenaires européens en restent à des actions homéopathiques. Seule, la petite Estonie a engagé quelques centaines d’hommes sur le terrain. La task force Takuba est censée favoriser l’intégration de ceux qui se contentent d’observer et conseiller. Pour le moment sans résultat tangible.
Il faut bien être conscient que nous sommes confrontés à une guerre d’usure. Les réservoirs à terrorisme sont encore pleins. La Libye, toute proche, est l’un d’entre eux. Plus au Sud, Boko Haram poursuit sa stratégie de massacres. Autant dire que l’Europe a tout intérêt à rejoindre la France. Une façon de se protéger elle-même. Le terrorisme ne connaît pas de frontières.