François Cornut-Gentille et Laurence Robert-Dehault battent la campagne
Les deux candidats finalistes de la deuxième circonscription de Haute-Marne pour les élections élections législatives battent la campagne.
François Cornut-Gentille : « Je demeure un atout pour la Haute-Marne »
Député sortant de la deuxième circonscription, François Cornut-Gentille (candidat Les Républicains) brigue un septième mandat. Le retard de près de 12 points par rapport à son adversaire lui donne des sueurs froides, mais il redouble d’efforts, avec son équipe, pour mobiliser le 19 juin.
JHM Quotidien : Avec quelques jours de recul, quel regard portez-vous sur les résultats du premier tour ?
François Cornut-Gentille : « Il faut regarder les choses en face : je suis déçu. J’étais confiant parce que je suis le seul candidat à m’être déplacé dans les 217 communes. J’avais mal vu trois phénomènes. J’ai tout d’abord sous-estimé la mobilisation des gens qui se servent du Rassemblement national pour exprimer leur ras-le-bol. Je pensais que cela baisserait après la présidentielle. Deuxième point, je fais le constat que beaucoup de mes amis n’ont pas voté ! Disons que c’est une bonne nouvelle car cela veut dire qu’il y a de la réserve. Et puis, il y a une troisième raison que je découvre. Au début, je n’y croyais pas, mais tellement de gens me l’ont dit… Il y a peut-être, chez certains électeurs, une confusion entre Laurence Robert-Dehault et Elisabeth Robert-Dehault. »
JHM Quotidien : Comment faites-vous campagne entre les deux tours ?
F. C.-G. : « Avant le premier tour, je suis allé rencontrer tous les élus. C’est long, mais c’est très important. Pour le second tour, nous faisons un gros travail avec mon équipe pour contacter les sympathisants et leur rappeler d’aller voter. Il y a eu une démobilisation due à trop d’assurance et puis il y a peut-être aussi des effets collatéraux de la présidentielle. Je ne suis pas forcément assimilé à Valérie Pécresse, mais c’est quand même mon parti… »
JHM Quotidien : Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de ne vous voir qu’au moment des campagnes électorales ?
F. C.-G. : « Je leur réponds qu’ils ne voient pas les autres, même lorsqu’il y a un scrutin ! Je dirais aussi que je réponds à toutes les invitations qui me sont faites pour rencontrer les élus ou les citoyens. »
« On peut venir à moi, « sans se compromettre » »
JHM Quotidien : Vous avez plusieurs soutiens déclarés, comme le maire de Saint-Dizier, Quentin Brière, le président du Département, Nicolas Lacroix ou le conseiller régional Etienne Marasi. Est-ce que ça peut peser ?
F. C.-G. : « C’est important. Mais je me méfie des arrangements politiciens. Indépendamment, on peut venir à moi, « sans se compromettre » si je peux dire. Mon action concernant la transformation de Saint-Dizier m’amène des personnes d’horizons variés, sans qu’il y ait besoin d’accord politique. »
JHM Quotidien : Avez-vous le sentiment d’être victime du « dégagisme » généralisé qui frappe les hommes politiques établis ? Ce, bien que vous ne soyez pas dans le parti d’Emmanuel Macron ?
F. C.-G. : « Fait est que je suis et je reste dans l’opposition à Emmanuel Macron. Je ne suis pas dans l’opposition systématique, je vois évidemment au cas par cas. Le dégagisme, cela peut aussi s’interpréter comme « Cornut-Gentille n’a-t-il pas fait son temps ? » Le climat n’est pas le même en 2022 qu’en 2017. En 2017, c’était la première élection d’Emmanuel Macron, le besoin de renouveau était gigantesque et on me disait beaucoup plus : « N’as-tu pas fait ton temps ? ». Aujourd’hui, les gens sont désorientés et l’expérience est aujourd’hui un atout. Les gens sentent bien qu’ils sont face à quelqu’un qui a une personnalité, une histoire, un attachement au département et cela fait une différence. »
JHM Quotidien : Qu’est-ce qui vous différencie de votre concurrente, Laurence Robert-Dehault ?
F. C.-G. : « Les électeurs doivent bien avoir en tête que quelles que soient les qualités de ma concurrente, elle sera surtout un pion pour Marine Le Pen. Je ne suis un pion pour personne. Je veux être utile pour la Haute-Marne. Sans trop vouloir m’avancer, je pense pouvoir être plus capable d’être écouté et entendu à Paris. De plus, le député, quel que soit son parti, doit être capable de travailler avec tous les élus du département, sans quoi c’est compliqué. Sans être prétentieux, je pense qu’il n’y a pas photo. Les électeurs ont le choix entre un député au service des Haut-Marnais et une députée au service de son parti. »
JHM Quotidien : Si vous êtes élu dimanche, qu’est ce qui sera différent dans ce septième mandat ?
F. C.-G. : « J’ai trois objectifs : défendre la ruralité et faire comprendre, à Paris, que l’on ne peut pas appliquer en ruralité les mêmes règles qu’en milieu urbain. Second axe, je suis devenu un spécialiste de la défense et en ce moment c’est un sujet très important. Il n’y a pas à avoir honte de notre armée, mais comme on ne croyait pas à la guerre, on se rend compte que s’il y en avait une on ne serait pas prêt du tout ! Le troisième sujet, sur lequel j’ai écrit des livres, c’est justement la crise politique. Pour résumer, la façon de faire la loi aujourd’hui ne va pas. Je pense qu’il faut donner un rôle nouveau au député qui retrouverait presque le rôle de 1789 et celui que demandaient les Gilets jaunes. Représenter les gens, c’est dire ce qui ne va pas. »
JHM Quotidien : Qu’est-ce qui vous permet de garder les pieds dans le quotidien des Haut-Marnais au travers de votre mandat de député qui s’achève ?
F. C.-G. : « Je fais beaucoup de visites d’entreprises, je rencontre des agriculteurs. Le député est aussi un peu une assistante sociale. Je l’accepte : les gens viennent m’exposer leurs problèmes. Comprendre les problèmes des gens, c’est les aider. Et au-delà du cas de la personne, on voit ce qui ne fonctionne pas dans ce pays. »
JHM Quotidien : Pour finir, est-ce que gagner cette élection est jouable ?
F. C.-G. : « C’est jouable. Je ne lâche rien. Ce n’est pas une ambition personnelle, c’est l’intérêt de la Haute-Marne de pouvoir travailler en équipe avec les autres collègues et de défendre la ruralité. Je demeure un atout pour la Haute-Marne. »
Propos recueillis par Sylvie C. Staniszewski
Laurence Robert-Dehault : « Sur le terrain, pour écouter les gens »
Arrivée en tête dans toute la circonscription et particulièrement à Saint-Dizier, la candidate du Rassemblement national entendait encore, cette semaine, aller à la rencontre de la population. Exemple ce mercredi dans la cité bragarde.
« Ma campagne, c’est être sur le terrain, tous les jours, rencontrer les gens. Je suis née à Saint-Dizier, mais les gens avaient besoin de me voir. » Arrivée en tête au premier tour de l’élection, devançant de près de douze points le député sortant François Cornut-Gentille – une deuxième place que l’élu Les Républicains n’avait jamais connue en bientôt 30 ans de batailles législatives -, Laurence Robert-Dehault a fait le choix de se rendre sur les lieux de vie, notamment aux abords des marchés. « J’étais hier (Ndlr : mardi) à Eurville, pendant deux heures 30, et j’y ai reçu un excellent accueil, qui a été également très bon à Marnaval », précisait la conseillère départementale Rassemblement national (RN), présente ce mercredi à Saint-Dizier aux côtés de son suppléant Eric Gauthier et de deux de ses soutiens.
« Je vous connais »
« Oui, je vous connais, vous êtes la sœur d’André », répond un passant à son bonjour. « Vous pouvez compter sur ma voix, dimanche », assure un marchand venu à sa rencontre. « Il y a un ras le bol général, commente Laurence Robert-Dehault. Les gens jugent François Cornut-Gentille comme très hautain, méprisant. Ce qu’ils me disent, c’est « on ne le voit qu’une fois tous les cinq ans ». Or pour écouter les gens, il faut être sur le terrain. J’ai rencontré des maires, dont certains se sont fait agresser, qui m’ont dit qu’ils ont besoin d’être écoutés, d’être soutenus. »
« Femme de terrain »
« Si je suis élue, je serai aux côtés des gens », assure la candidate, qui, à l’approche du deuxième tour, ne souhaite pas s’enflammer sur ses possibilités de victoire. Même après les résultats qu’elle a réalisés dimanche dernier (39,61 % à l’échelle de la circonscription, 36 % dans la cité bragarde dont elle est élue départementale). Même si le quotidien Libération lui-même considère parmi « les huit nouvelles figures du RN » à l’échelle nationale celle qui, pour lancer sa campagne, a accueilli Marine Le Pen, toujours à Saint-Dizier, « c’était important ».
Le message pour ce dimanche de la conseillère départementale de Saint-Dizier 1, « c’est que les électeurs aillent voter, fassent voter autour d’eux, et qu’ils me fassent confiance. Je suis une femme de terrain, j’ai envie de rencontrer les gens, de trouver avec eux des solutions pour les proposer à l’Assemblée nationale. J’ai envie que ça bouge, et que les gens soient fiers de leur territoire. »
L. F.
Frédéric Fabre (RN) : « Nos élus ne nous trahiront pas »
Conseiller régional du Grand Est, ancien responsable départemental du parti, Frédéric Fabre a souhaité réagir aux différentes prises de position exprimées dans nos colonnes et apporté son soutien aux deux candidats qualifiés du RN.
« Comme un très grand nombre de Haut-Marnais, je me réjouis des résultats du premier tour des élections législatives qui, comme ceux de la présidentielle, ont placé dans notre département le Rassemblement national en tête, créant ainsi l’espoir d’un changement, écrit le maire de Doulaincourt-Saucourt (dans la deuxième circonscripition). Jusqu’à alors, je pouvais comprendre les électeurs qui, se réfugiaient dans l’abstention, persuadés de ne jamais pouvoir être représentés au parlement. Cette fois, nos candidats en tête dans les deux circonscriptions, sont aux portes de l’Assemblée nationale. Nous devons saisir l’opportunité de remplacer ceux qui, depuis 30 ans pour l’un et cinq ans pour l’autre, sont en échec total et nous ont mis dans une situation économique et sociale insupportable. Comme beaucoup, je suis exaspéré par l’attitude de certains élus locaux qui trouvent de l’énergie, non pas pour agir pour nos concitoyens, mais pour annoncer qu’il faut faire barrage au Rassemblement national. Est-ce là leur seul projet politique ? Ils sont pathétiques et ne sont certainement pas à la hauteur des problèmes, ni des préoccupations de nos concitoyens.
« Barrage à la baisse du pouvoir d’achat »
Chacun ses priorités, pour ma part, en tant que conseiller régional, mais surtout de maire d’une commune rurale, en choisissant de voter pour les candidats du Rassemblement national, je choisis de faire barrage à la baisse du pouvoir d’achat, à l’insécurité, au déclassement de la ruralité. Dans une situation générale de plus en plus dégradée, je sais qu’au côté de Marine Le Pen à l’Assemblée nationale, nos élus ne nous trahiront pas. »
L. F.