François Cornut-Gentille : « Je demeure un atout pour la Haute-Marne »
Lésgislatives 2022. Député sortant de la deuxième circonscription, François Cornut-Gentille (candidat Les Républicains) brigue un septième mandat. Le retard de près de 12 points par rapport à son adversaire lui donne des sueurs froides, mais il redouble d’efforts, avec son équipe, pour mobiliser le 19 juin.
JHM Quotidien : Avec quelques jours de recul, quel regard portez-vous sur les résultats du premier tour ?
François Cornut-Gentille : « Il faut regarder les choses en face : je suis déçu. J’étais confiant parce que je suis le seul candidat à m’être déplacé dans les 217 communes. J’avais mal vu trois phénomènes. J’ai tout d’abord sous-estimé la mobilisation des gens qui se servent du Rassemblement national pour exprimer leur ras-le-bol. Je pensais que cela baisserait après la présidentielle.
Deuxième point, je fais le constat que beaucoup de mes amis n’ont pas voté ! Disons que c’est une bonne nouvelle car cela veut dire qu’il y a de la réserve. Et puis, il y a une troisième raison que je découvre. Au début, je n’y croyais pas, mais tellement de gens me l’ont dit… Il y a peut-être, chez certains électeurs, une confusion entre Laurence Robert-Dehault et Elisabeth Robert-Dehault. »
JHM Quotidien : Comment faites-vous campagne entre les deux tours ?
F. C.-G. : « Avant le premier tour, je suis allé rencontrer tous les élus. C’est long, mais c’est très important. Pour le second tour, nous faisons un gros travail avec mon équipe pour contacter les sympathisants et leur rappeler d’aller voter. Il y a eu une démobilisation due à trop d’assurance et puis il y a peut-être aussi des effets collatéraux de la présidentielle. Je ne suis pas forcément assimilé à Valérie Pécresse, mais c’est quand même mon parti… »
JHM Quotidien : Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de ne vous voir qu’au moment des campagnes électorales ?
F. C.-G. : « Je leur réponds qu’ils ne voient pas les autres, même lorsqu’il y a un scrutin ! Je dirais aussi que je réponds à toutes les invitations qui me sont faites pour rencontrer les élus ou les citoyens. »
« Je me méfie des arrangements politiciens »
JHM Quotidien : Vous avez plusieurs soutiens déclarés, comme le maire de Saint-Dizier, Quentin Brière, le président du Département, Nicolas Lacroix ou le conseiller régional Etienne Marasi. Est-ce que ça peut peser ?
F. C.-G. : « C’est important. Mais je me méfie des arrangements politiciens. Indépendamment, on peut venir à moi, « sans se compromettre » si je peux dire. Mon action concernant la transformation de Saint-Dizier m’amène des personnes d’horizons variés, sans qu’il y ait besoin d’accord politique. »
JHM Quotidien : Avez-vous le sentiment d’être victime du « dégagisme » généralisé qui frappe les hommes politiques établis ? Ce, bien que vous ne soyez pas dans le parti d’Emmanuel Macron ?
F. C.-G. : « Fait est que je suis et je reste dans l’opposition à Emmanuel Macron. Je ne suis pas dans l’opposition systématique, je vois évidemment au cas par cas. Le dégagisme, cela peut aussi s’interpréter comme « Cornut-Gentille n’a-t-il pas fait son temps ? » Le climat n’est pas le même en 2022 qu’en 2017. En 2017, c’était la première élection d’Emmanuel Macron, le besoin de renouveau était gigantesque et on me disait beaucoup plus : « N’as-tu pas fait ton temps ? ».
Aujourd’hui, les gens sont désorientés et l’expérience est aujourd’hui un atout. Les gens sentent bien qu’ils sont face à quelqu’un qui a une personnalité, une histoire, un attachement au département et cela fait une différence. »
JHM Quotidien : Qu’est-ce qui vous différencie de votre concurrente, Laurence Robert-Dehault ?
F. C.-G. : « Les électeurs doivent bien avoir en tête que quelles que soient les qualités de ma concurrente, elle sera surtout un pion pour Marine Le Pen. Je ne suis un pion pour personne. Je veux être utile pour la Haute-Marne. Sans trop vouloir m’avancer, je pense pouvoir être plus capable d’être écouté et entendu à Paris. De plus, le député, quel que soit son parti, doit être capable de travailler avec tous les élus du département, sans quoi c’est compliqué. Sans être prétentieux, je pense qu’il n’y a pas photo. Les électeurs ont le choix entre un député au service des Haut-Marnais et une députée au service de son parti. »
Un spécialiste des questions de Défense
JHM Quotidien : Si vous êtes élu dimanche, qu’est ce qui sera différent dans ce septième mandat ?
F. C.-G. : « J’ai trois objectifs : défendre la ruralité et faire comprendre, à Paris, que l’on ne peut pas appliquer en ruralité les mêmes règles qu’en milieu urbain. Second axe, je suis devenu un spécialiste de la défense et en ce moment c’est un sujet très important. Il n’y a pas à avoir honte de notre armée, mais comme on ne croyait pas à la guerre, on se rend compte que s’il y en avait une on ne serait pas prêt du tout ! Le troisième sujet, sur lequel j’ai écrit des livres, c’est justement la crise politique.
Pour résumer, la façon de faire la loi aujourd’hui ne va pas. Je pense qu’il faut donner un rôle nouveau au député qui retrouverait presque le rôle de 1789 et celui que demandaient les Gilets jaunes. Représenter les gens, c’est dire ce qui ne va pas. »
JHM Quotidien : Qu’est-ce qui vous permet de garder les pieds dans le quotidien des Haut-Marnais au travers de votre mandat de député qui s’achève ?
F. C.-G. : « Je fais beaucoup de visites d’entreprises, je rencontre des agriculteurs. Le député est aussi un peu une assistante sociale. Je l’accepte : les gens viennent m’exposer leurs problèmes. Comprendre les problèmes des gens, c’est les aider. Et au-delà du cas de la personne, on voit ce qui ne fonctionne pas dans ce pays. »
JHM Quotidien : Pour finir, est-ce que gagner cette élection est jouable ?
F. C.-G. : « C’est jouable. Je ne lâche rien. Ce n’est pas une ambition personnelle, c’est l’intérêt de la Haute-Marne de pouvoir travailler en équipe avec les autres collègues et de défendre la ruralité. Je demeure un atout pour la Haute-Marne. »
Propos recueillis
par Sylvie C. Staniszewski
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