Franck Ribéry : « je peux faire mieux »
Titulaire pour la première fois chez les Bleus, Franck Ribéry a alterné le bon et le moyen, mardi, face à la Suisse. Conscient qu’il peut apporter plus à l’équipe de France, la nouvelle coqueluche des Français veut profiter de l’instant présent et garder les pieds sur terre.
Les maillots N°22 portant le nom de Ribéry se vendent comme des petits pains. Alors que Zinédine Zidane va prendre sa retraite internationale à la fin de la Coupe du Monde, Franck Ribéry semble être celui qui peut remplacer le N°10 des Bleus dans le cœur des Français. Thierry Henry, lui, en est persuadé. «Dans le jeu, il ne faut pas les comparer, mais Franck peut apporter ce que “Zizou” a apporté aux Bleus pendant des années. Quand Franck est sur la pelou- se, il se passe quelque chose…»
Mardi, face à la Suisse, le Marseillais, pour la première fois titulaire avec les Bleus, en lieu et place de Florent Malouda, a soufflé le chaud et le froid. Il ne faut pas pour autant tirer des conclusions trop hâtives. Seulement âgé de 23 ans, Franck Ribéry aura l’occasion de montrer qu’il peut faire beaucoup mieux. Après tout, sa carrière internationale ne fait que commencer et, contrairement à beaucoup de jeunes qui sont mis sous les feux de la rampe, Franck n’a pas la grosse tête.
Moins à l’aise avec un micro qu’avec un ballon, le “bleuet” s’est malgré tout plié au jeu des questions-réponses.
Quel est votre sentiment après le résultat nul face à la Suisse ? Franck Franck Ribéry : «Je suis déçu, comme toute l’équipe. Le plus important, c’est de ne pas avoir perdu face à une équipe suisse qui, depuis quelques années fait des belles prestations. Nous avons fait une bonne première mi-temps mais nous avons été moins bons après l’heure de jeu. Nous avons eu des occasions pour marquer mais il a manqué ce petit truc qui fait la différence.»
Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
F. R .: «Je ne sais pas trop. On a essayé de jouer vers l’avant mais il y a cette occasion avec ma passe en retrait pour Henry. Je ne lui donne pas bien la balle. J’ai sans doute trop voulu assurer. Quand j’ai le ballon, je pense à jouer avec Henry, j’aurais peut- être dû y aller seul. Sur cette action, on aurait dû marquer.»
Comment jugez-vous votre prestation ?
F. R. : «J’étais très content d’être sur la pelouse avec de grands joueurs autour de moi. J’en garde- rais de bons souvenirs. Concernant ma prestation, je la trouve plutôt positive mais je peux faire mieux. Lorsque l’on est titulaire, il faut être prêt d’entrée. Quand vous disputez la Coupe du Monde, cela va très vite et il faut faire attention au replacement. Après 2’30 au tableau d’affichage, je cherchais déjà mon souffle mais j’ai donné le maximum.»
Pourquoi êtes-vous sans cesse passé du côté gauche au côté droit ?
F. R. : «En fait, je peux jouer des deux côtés. Je me sens bien à gauche comme à droite. Je suis un joueur qui bouge beaucoup et le coach ne voulait pas que je reste uniquement sur le côté gauche.»
Contrairement aux matches de préparation, vous avez moins fait la différence, comment l’expliquez-vous ?
F. R. : «Les deux équipes ne voulaient pas prendre de buts et la Suisse était bien regroupée. Il y aura des rencontres où je serais meilleur. Si je suis sur le banc face à la Corée, je l’accepterais et si je rentre, je donnerais le maximum.»
Tout le monde attendait beaucoup de vous, il y a une “Ribérymania”, est-ce que cela vous a mis une pression supplémentaire sur les épaules ?
F. R. : «Non. Je suis très content que les gens m’apprécient et il est important de leur donner du plaisir. Ce n’est que du bonheur mais dans une carrière, tout va très vite. Je sais que je dois rester les pieds sur terre. Je dois continuer à travailler et donner du plaisir aux gens. Quand je suis sur le terrain, je ne pense à rien d’autre que le jeu. Il est inutile de se mettre la pression.»
Comment s’est passée votre entente avec Zinédine Zidane ?
F. R. : «Quand j’avais le ballon, je cherchais systématiquement un joueur devant moi. Il y avait Henry et Zidane. “Zizou”, tout le monde le connaît. Jouer avec lui, ce n’est que du bonheur. J’espère que je pourrais disputer d’autres matches à ses côtés.»
La chaleur et la pelouse ont- elles été des éléments qui ont influencé sur la rencontre ?
F. R. : «Personnellement, j’aime provoquer, aller de l’avant et la pelouse ne m’a pas avantagé mais je ne suis pas le seul. Le prochain match a lieu à 21 heures, il fera moins chaud et la pelouse sera peut-être arrosée…»
Justement, le prochain match, c’est face à la Corée…
F. R. : «Cela ne sera pas facile. Ils étaient menés et ils ont gagné. C’est une équipe capable de renverser la situation et qui va tenter, face à nous, de se qualifier. Nous sommes assez forts pour gagner.»
Vous n’êtes donc pas inquiet ?
F. R. : «Non. On est l’équipe de France ! Il y a un bon groupe et on sait ce que l’on doit faire. Il n’y a pas de pression même si nous ne devons pas prendre le match à la légère. Après le match face aux Suisses, nous avons discuté entre nous sans nous prendre la tête. Les cadres de l’équipe ont pris la parole avant, pendant et après le match. Le plus important, c’est la qualification.»
Un mot sur votre avenir en club ?
F. R. : «Cela concerne les dirigeants de Lyon et de Marseille. Je n’ai pas pris de décision. Pour moi, le plus important c’est la Coupe du Monde. On verra pour la suite.»
Reportage en Allemagne : Yves Tainturier