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Franche rigolade – L’édito de Patrice Chabanet

 

Au début, l’information paraissait tellement hallucinante qu’on a pensé à une fake news. Eh bien non, Trump a réellement dans ses intentions de racheter le Groenland. Le président américain a remis ça il y a quelques jours en s’offusquant que les autorités danoises ne comprennent pas le bien-fondé d’une « grosse transaction immobilière ». L’ex-promoteur a son ancien business dans le sang. Qu’aujourd’hui il dirige le pays le plus puissant du monde ne change rien à ses schémas intellectuels : une bonne opportunité reste une bonne opportunité et l’achat d’un vaste territoire comme le Groenland n’est en rien différent de l’acquisition d’un terrain à bâtir en Floride ou de centaines d’hectares riches en schistes bitumineux dans le Nord des Etats-Unis. La seule différence est purement quantitative. D’habitude, un pays, moyennant accords commerciaux, peut obtenir une concession pour se livrer à l’exploitation du sous-sol. Trump, lui, propose de tout acheter, en l’occurrence le Groenland. Il s’étonne même que l’autorité de tutelle de ce dernier, le Danemark ne veuille pas entendre parler d’une proposition si alléchante.

L’attitude de Trump n’est pas seulement fantasque. On commence à la connaître au fil des dossiers internationaux. Elle est mue aussi par une logique purement mercantile : en mettant la main sur le Groenland, les Etats-Unis pourraient accroître leur présence dans l’Atlantique-Nord, avec la création d’une base militaire. Plus important encore : la possibilité d’accéder à une foule de ressources minières (pétrole, gaz, uranium, diamant etc.). Plus subtilement, même si le mot ne sied pas vraiment à la psychologie du personnage, l’annexion – l’Anschluss, diraient les mauvaises langues – autoriserait l’Amérique de Trump à se prévaloir d’une identité européenne…Pour le moment, l’affaire s’inscrit dans le registre de la franche rigolade. Il ne faut pas perdre de vue pour autant que l’homme ne lâche pas facilement le morceau…

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