France : qui n’avance pas recule…
Tournés vers l’avant en première période, repliés sur eux-mêmes en seconde, les Bleus ont concédé un second match nul en autant de match, dimanche, face à la Corée du Sud (1-1). Incontestablement, les Bleus n’ont pas choisi le chemin le plus facile pour se qualifier. Pas rassurant.
Trinité-et-Tobago qui accroche la Suède (0-0), le Ghana qui bat la République tchèque (2-0), l’Italie qui concède le nul face aux Etats-Unis (1-1) et les Bleus accrochés par la Corée du Sud (1-1), autant de résultats qui confirment ce que tout le monde sait, il n’y a plus de petites nations. Ce que l’on sait moins et qui est plus inquiétant, c’est que pendant que ces soi- disantes “petites” équipes progressent, les Bleus, eux, stagnent. Les spécialistes s’accordent à dire que si les “grosses” sélections ont autant de mal, c’est parce que leurs meilleurs joueurs évoluent au sein de grandes équipes européennes, avec des saisons longues et difficiles. C’est sans doute vrai mais ce n’est pas ce qui explique le résultat des Tricolores, dimanche, face à la Corée du Sud.
C’est uniquement de leur faute
A l’issue de la rencontre, Raymond Domenech pointait du doigt l’arbitre qui a refusé un but parfaitement valable à Patrick Vieira. Trop facile ! Ce n’est quand même pas Monsieur Archundia qui a obligé les Bleus à jouer dans leur camp en seconde période. Ce n’est pas lui non plus qui a raté des occasions grosses comme les stands de bières aux abords des stades. Avant la rencontre, le gardien coréen avait déclaré : «si mes mains ne suffisent pas, je mettrais mon corps pour repousser les assauts des Français.» C’est ce qu’il a fait, bien aidé par le manque de lucidité criant des Bleus et de Thierry Henry en particulier.
En fait, si les Tricolores sont dans l’obligation de battre avec deux buts d’écarts le Togo, c’est uniquement de leur faute. Ils avaient toutes les cartes en main pour ne pas se mettre dans la panade et ce grâce à la rapide ouverture du score par le “Gunner” d’Arsenal. Un but qui obligeait les Coréens à sortir davantage, dans le sens où ils ne voulaient pas perdre et espéraient bien définitivement décrocher leur billet pour les huitièmes de finale. Malheureusement, l’équipe de France a été incapable d’appuyer là où ça fait mal et d’enfoncer le clou face à une équipe de Corée pourtant pas à la fête en première période. Ce que Zinédine Zidane et ses partenaires ont oublié un peu vite, c’est qu’un match se joue en quatre- vingt-dix minutes, plus le temps additionnel.
Les Bleus retombent dans leurs travers
Après la pause, les bonnes intentions des Bleus : leur audace, leur envie de porter le danger sur le but adverse, leur jeu en mouvement, sont autant de choses qui sont restées aux vestiaires. Les vieux démons sont revenus en pleine face des Bleus qui sont retombés dans leurs travers. Les hommes de Raymond Domenech ont tout simplement joué petits bras. Ils ont été incapables, comme l’a déclaré le sélectionneur des Tricolores, d’imposer leur rythme. «Nous avons joué sur le même rythme qu’eux.» Ce qui a fait les affaires des Coréens remis en selle par ce manque d’initiative. Plus le temps passait, plus les Bleus se sont posés la question de savoir s’il fallait tenter le break ou bien reculer et faire confiance à la défense qui, jusqu’alors, avait montré sa solidité. La deuxième solution n’a pas été la bonne.
Après l’égalisation des Coréens, on peut également se poser la question de savoir pourquoi Raymond Domenech a sorti un milieu de terrain, en l’occurrence Florent Malouda, pour un autre milieu en la personne de Vikash Dhorasoo ? Ce à quoi le sélectionneur des Bleus a répondu : «C’était un choix stratégique. Il fallait absolument éviter de perdre pour rester en vie.» Là encore, c’est un choix discutable qui ne fait que confirmer que l’équipe de France n’est pas sereine, à l’image d’un Zinédine Zidane nerveux et qui sera privé de rencontre face au Togo par la faute d’un second carton jaune en deux matches, le jour de son anniversaire.
Raymond Domenech a jusqu’à vendredi pour remettre les choses à l’endroit. Lui qui aime jouer les professeurs, serait bien inspirer, en cette période du baccalauréat, de méditer sur les sujets suivants : «qui peut le plus peut le moins» et «qui n’avance pas recule.» Bonne réflexion…
Reportage en Allemagne : Yves Tainturier