France : faire son boulot, tout simplement
Ce soir (20 h 45), à Lisbonne, les Bleus sont les grands favoris du quart de finale qui les opposent au Petit Poucet, la Grèce, dont c’est la première participation à ce stade de la compétition.
Si l’équipe de France veut défendre son trophée, elle devra faire son boulot, tout simplement…
On attendait France – Portugal ou France – Espagne, c’est finalement Grèce – France ! Une équipe de Grèce qui a terminé 2e du Groupe A, derrière le Portugal, qu’elle a pourtant battu (2-1) en match d’ouverture, mais surtout devant l’Espagne, qu’elle a tenu en échec (1-1), après avoir été menée au score, ce qui n’est pas rien.
Incontestablement, la bande à Otto Rehhagel, seulement 34e au classement de la FIFA, est bien la formation surprise de ces quarts de finale et pourtant, à bien y regarder, elle n’a pas volé sa place. Solides en défense, très disciplinés, les Grecs ont crânement joué leur chance, sans pression et les résultats ont suivi même s’il y a eu la courte défaite contre les Russes (2-1) lors du dernier match de poule. Un revers qui, il faut le noter, a mis fin à une série de huit matches officiels sans défaite ! L’appétit venant en man- geant, Charisteas et ses partenaires ne veulent sans doute pas en rester là, même s’ils ont d’ores et déjà réussi leur Euro. Mais la nervosité sera peut-être là à l’approche du coup d’envoi du match contre les Bleus et Otto Rehhagel, le sélectionneur grec, de déclarer : «il y a toujours une part d’anxiété quand vous jouez contre ces équipes-là, mais c’est une bonne chose que de se mesurer à des joueurs comme Zidane. Il nous faudrait un miracle pour se qualifier.»
Grèce : deux retours et une absence
Malgré l’ampleur de la tâche, le joueur Tsiartas reste persuadé que si les Grecs «ne commettent pas d’erreurs, ce match est à notre portée.» Pour tenter de réaliser ce miracle, Otto Rehhagel pourra compter sur les retours des milieux de terrain Giannakopoulos et Karagounis, respectivement blessé et suspendu lors du match contre les Russes. Grâce à ses retours, le sélectionneur grec devrait revenir à un 4-4-2, après avoir aligné trois atta-
quants contre la Russie. Il devra, par contre, se passer des ser- vices de son attaquant Vryzas. Buteur contre les Russes, il a également écopé d’un deuxième carton jaune et sera donc suspendu.
En ce qui concerne l’équipe de France, la seule certitude est l’absence de Sagnol, blessé au bras contre les Suisses. Pour le remplacer, Jacques Santini a la possibilité d’aligner Gallas ; le problème, c’est que le défenseur des Bleus souffre d’une légère entorse… Si le joueur de Chelsea venait à être forfait, le sélectionneur français décalera Thuram au poste d’arrière droit et titularisera Desailly dans l’axe. Le capitaine tricolore pourrait alors être associé à l’ex- Auxerrois Boumsong, Silvestre, le défenseur de Manchester United, payant ainsi ses erreurs lors des matches de poule.
Pirès sur le côté gauche
Au milieu de terrain, là aussi, une incertitude demeure puisque Vieira se ressent d’une contracture à la cuisse. Si le joueur d’Arsenal n’a pas le feu vert du staff médical, il y a fort à parier que Jacques Santini fera appel à Dacourt pourtant peu à l’aise contre la Croatie. Ce qui paraît acquis en revanche, c’est que Zidane conservera son statut “d’électron libre” et Pirès, comme face aux Suisses, évoluera côté gauche. Enfin, devant, la doublette Henry-Trezeguet sera reconduite malgré la bonne entrée de Saha contre les Helvètes.
Mais après tout, qu’importe le onze de départ, Jacques Santini ne cesse-t-il pas de clamer haut et fort qu’il dispose de 23 joueurs (plus que 22 avec la blessure de Sagnol) de qualité, tous susceptibles de jouer ?
Quel choix tactique ?
Reste maintenant à savoir le choix tactique des Bleus. En effet, comme l’expliquait Pirès lors d’un point presse «c’est peut-être à nous de changer notre manière de jouer, à savoir en jouant moins bien mais en étant plus efficaces.» Pour ce qui est de mal jouer, pas de problème, les Bleus ont montré qu’ils savaient ! En ce qui concerne l’efficacité, c’est autre chose, mais Pirès a sa petite idée : «la Grèce va sans doute jouer comme elle l’a fait contre le Portugal. La solution est peut-être de les attendre et de les contrer.» Encore faut-il que les Grecs ne fassent pas le même choix ! Dans un match à élimination directe, tout est possible mais si les Bleus font leur boulot, ils doivent logiquement éliminer cette surprenante équipe Grèce. S’ils parviennent à allier le beau jeu et le résultat, ce sera parfait. Mais ne soyons pas plus royalistes que le roi !
Reportage au Portugal : Yves Tainturier