Forum des élèves-gendarmes : l’impératif du contact terrain
L’école de gendarmerie a organisé son premier forum contacts-citoyens. Les gendarmes doivent renouer le contact avec les citoyens et renforcer les liens avec les élus.
L’école de gendarmerie a organisé un forum contacts-citoyens. C’est une première à Chaumont. « Le but est que les futurs gendarmes rencontrent leurs futurs interlocuteurs : préfet, commerçants et élus », explique Stéphane Rayssac, chargé de communication de l’établissement.
En préambule, la préfète de la Haute-Marne Anne Cornet a rappelé l’importance de la gendarmerie. « Les compagnies de gendarmes sont les yeux et les oreilles de l’Etat. Pour vivre librement dans notre pays, nous avons besoin d’un corps de métier de proximité, à l’écoute et vigilant. Vous êtes la main tendue de l’Etat. En qualité de préfet, j’ai toujours eu une excellente opinion des gendarmes ».
Un lien à renforcer avec les élus
Invitée à participer au forum, l’adjointe au maire de Bourbonne-les-Bains Marie-France Mercier a rappelé les liens forts qui unissent les gendarmes et les élus. Toutefois, elle concède qu’il est difficile de se rencontrer. « La violence se construit, nous devons construire ensemble notre défense. Aujourd’hui, le territoire que couvre la gendarmerie est immense. A l’avenir, il sera essentiel d’établir un rétroplanning entre les élus et la gendarmerie afin d’organiser un temps d’échanges et de réflexion entre nos deux services ».
Commandant de la brigade de proximité de Bourbonne-les-Bains, Grégorie Douard reconnaît qu’il est essentiel d’avoir une relation avec les collectivités mais pas que. « Lorsque vous allez patrouiller dans les villes, il faut renouer le contact avec les commerçants. Auparavant, les anciens des villes et des villages étaient des sources d’informations pour nous. Peu à peu, ils disparaissent. Aujourd’hui, les premiers témoins sont les élus et les commerçants. Nous avons dix ans de retard à rattraper ».
Comme le rappelle la préfète et le commandant Douard, les gendarmes doivent également tisser des relations avec les agriculteurs. « Au même titre que les élus et les commerçants, les agriculteurs sont essentiels, notamment dans le cadre d’enquêtes de voisinage. La plupart d’entre eux sont originaires de la commune et connaissent leur territoire et ses spécificités », indique le militaire. Une seconde raison pousse les gendarmes et les agriculteurs à se rapprocher. « Représentant 30% des personnes actives en Haute-Marne, ce corps de métier est victime de plus en plus de vols de matériel agricole. Pour lutter contre ce phénomène, il faut travailler main dans la main ».
Une distance involontaire avec les habitants
Depuis plusieurs années, une distance s’est installée entre les symboles de l’autorité – policiers et gendarmes – et les citoyens. « Aujourd’hui, il y a une hausse de la criminalité et un manque global d’effectifs. Auparavant, le contact avec la population était l’une des missions prioritaires des gendarmes. La hausse des plaintes et des enquêtes et l’émergence d’une nouvelle criminalité, la cybercriminalité, font que la relation est devenue de plus en plus secondaire », explique l’élève gendarme Vivier.
Il poursuit : « Au vu de l’actualité, le nombre de personnes qui manifestent contre les forces de l’ordre est de plus en plus important. Les relations se sont complexifiées. Nous appréhendons de plus en plus les choses ». Contrairement aux idées reçues, les gendarmes n’ont pas qu’un rôle répressif. « Nous faisons de la formation, de la prévention et enfin de la répression », ajoute l’élève gendarme Vivier.
Durant leur formation, ils apprennent à désamorcer des situations complexes avec une psychologue militaire. « Nous développons l’écoute active et le dialogue avec des personnes récalcitrantes. Nous apprenons des notions de psychologie. Les professeurs nous enseignent que le 1er niveau de force est la parole. Beaucoup de situations peuvent se résoudre par un dialogue. L’utilisation de la force physique est notre dernier recours ». Pour l’élue locale, « la proximité avec les citoyens permet aussi d’anticiper les problématiques ».
Corentin Gouriou
Comment prévenir la délinquance ?
Pour le professeur d’histoire-géographie et responsable de classes Défense et sécurité globale au lycée Saint-Exupéry de Saint-Dizier, Arnaud Pagès, « il faut travailler avec les enfants dès la petite enfance car au lycée ou au collège, c’est trop tard. Le professeur ne peut plus les canaliser ».
Pour l’élue locale Marie-France Mercier, « l’école ne peut pas porter ce poids toute seule. La famille doit éduquer son enfant. Il a été prouvé qu’un enfant ayant un équilibre familial connaît 10 000 mots contre 200 pour un enfant sans encadrement familial ».
Elle poursuit : « comme il ne comprend pas l’environnement, il va petit à petit développer une haine pour l’école. Cet enfant ne connaît que le langage de la violence. L’enfant d’aujourd’hui est le citoyen de demain. Il va dévaloriser les valeurs de la République ».