Forces centrifuges – L’édito de Patrice Chabanet
La volonté est là. Les chances de succès beaucoup moins. Angela Merkel et Emmanuel Macron ont esquissé une feuille de route pour l’Europe, mais sans entrer dans les détails. Sur le plan économique, ils sont d’accord pour soumettre à leurs partenaires un projet de budget européen. En matière d’immigration, ils sont favorables au renforcement du contrôle des frontières extérieures de l’Union. Des prises de position fort honorables dans un contexte extrêmement difficile. La chancelière est dans la ligne de mire de son propre ministre de l’Intérieur qui exige un durcissement de la politique migratoire du gouvernement allemand. Quant à Emmanuel Macron, il doit faire face aux critiques sur sa gestion du dossier Aquarius, la droite lui reprochant son laxisme et la gauche son manque d’humanité.
Angela Merkel et Emmanuel Macron semblent marcher sur des œufs dans une Europe fragilisée. De puissantes forces centrifuges sont à l’oeuvre. La polémique sur l’immigration les alimente allègrement. Dans de nombreux pays, le dernier en date étant l’Italie, les peuples se fient plus à des solutions nationales et radicales qu’aux préconisations européennes jugées trop technocratiques ou élitistes. Pour mémoire, on évoquera le Brexit, première tentative de démantèlement de l’Union européenne. Les succès populistes dans de nombreux Etats-membres constituent également autant de coups de bélier. Dans l’assaut contre la construction européenne, il ne faudrait pas oublier l’action sans vergogne de Donald Trump. Son immixtion grossière dans la politique intérieure allemande a au moins le mérite d’être limpide. En fait, il ne fait que reprendre une vieille antienne des ultra-conservateurs américains : faire tomber la Fortress Europe. Soyons clairs : il peut y parvenir car il a des complices dans la place. Comme si une Europe dynamitée pouvait garantir leur indépendance et leur sécurité à ses différentes composantes…