Florent Manaudou : De Laure dans ses veines
Le Bragard Alexandre Adobati, qui s’est entraîné à Ambérieu avec Florent Manaudou, a assisté devant sa télé à son sacre olympique sur 50 m nage libre, vendredi. Il décrit un garçon bosseur et extrêmement humble. Il raconte aussi sa relation avec sa sœur Laure et sa complicité avec Frédérick Bousquet, l’une des clés de sa réussite.
Alexandre Adobati n’en a pas cru ses yeux vendredi soir. Quand la lumière rouge s’est allumée sur le plot de départ de la ligne d’eau N°7, à l’arrivée du 50 m nage libre, il a exulté. Son pote Florent Manaudou venait de devenir champion olympique de la distance.
« Intimement, j’espérais un podium pour lui. Quand j’ai vu qu’il était en finale, je savais qu’il pouvait se bagarrer pour une médaille. Il possède une grosse force mentale et n’a pas peur des autres une fois qu’il est sur le plot. Son titre a été un très grand moment d’émotion », confie le nageur bragard.
A Ambérieu avec lui pendant plusieurs années, avant que Florent Manaudou ne choisisse de rejoindre Marseille, Alexandre Adobati se souvient d’un jeune homme généreux dans l’effort. Et d’un garçon humble. « Florent a toujours eu cette capacité de bosser très dur. Il a franchi un cap. A l’entraînement, il était toujours très gentil. Ce n’est pas quelqu’un qui aime se mettre au-dessus des autres. Ce qui lui arrive est fantastique », raconte-t-il. C’est ce qu’il lui a dit dans le message qu’il lui a envoyé. « Il m’a simplement remercié en retour. Il a dit qu’il ne réalisait pas », poursuit-il.
Dans l’ombre de sa sœur Laure, sans faire de vague, Florent s’est fait un prénom. « Je crois qu’il n’a jamais eu de difficulté avec la notoriété de sa sœur. Il sait qu’on parlera toujours de lui comme le frère de Laure. Mais il a beaucoup travaillé là-dessus à Marseille avec son préparateur mental, indique Alexandre Adobati. Il a appris à se blinder. »
« Fred Bousquet l’a aidé »
Il a surtout fait les bons choix, en décidant de quitter le 100 m papillon qu’il nageait depuis des années pour se consacrer au sprint. « C’est un vrai nageur de 50 m nage libre. En partant sur cette distance, il n’allait pas dans l’inconnu. Il a été plusieurs fois champion de France de la spécialité chez les jeunes », rappelle le Bragard.
L’entraîneur du CO Saint-Dizier, qui l’a souvent côtoyé dans les bassins, sur les compétitions, va plus loin. « A Marseille, il y a beaucoup de sprinteurs. A son arrivée, il a été façonné ainsi. Un bon sprinteur doit avoir un excellent temps de réaction, de la puissance et une grosse cadence pour tourner les bras. Florent a tout ça. Il a surtout réussi un départ canon et la course de sa vie. A un centième près, il n’était même pas qualifié pour les Jeux en avril. C’est dire le potentiel de médailles que la France possède », lâche-t-il.
Complice avec son beau-frère, Frédérick Bousquet, recalé pour Londres, le Français a puisé dans ses précieux conseils une force supplémentaire. «Sa présence aux côtés de “Flo” a joué. Il l’a aidé à mieux connaître et décrypter ses adversaires. Il lui a donné des informations sur les Brésiliens Cesar Cielo ou encore Bruno Fratus, avec qui Fred s’entraîne régulièrement à Auburn, aux Etats-Unis. »
Une histoire – victoire – de famille, vraiment.
De notre envoyée spéciale à Londres : Delphine Catalifaud