Fleurs et légumes : s’adapter pour éviter l’envolée des prix
Du fait de la hausse du prix de l’énergie, les prix des fleurs et légumes auraient dû considérablement augmenter. En trouvant des astuces pour limiter l’augmentation de ce poste, la Ferme horticole de Vraincourt va limiter cette hausse mais les clients devront patienter et se caler à la météo.
La guerre en Ukraine, l’augmentation des prix de l’énergie, les problèmes de pouvoir d’achat des Français et donc des Haut-Marnais… Malgré tous ces désordres internationaux aux conséquences nationales, les salariés de la Ferme horticole de Vraincourt s’affairent dans les serres. Laurent Piot, le gérant, le dit : « la mise en place des cultures reste la même ».
Par contre, le changement, cette année, vient du fait que tous les fournisseurs arrivent avec des augmentations alors qu’elles ne sont pas forcément justifiées. Et comme Laurent Piot n’est pas homme à se laisser faire, il se défend. Il donne en exemple le terreau : « si j’avais dû écouter le producteur, il aurait augmenté de 10 %. Or, guerre ou pas guerre, sa fabrication n’a pas changé à part le transport des Pays-Bas à Vraincourt ».
En fait, pour le dirigeant de la serre, « tout le monde profite de la guerre ou du post Covid pour augmenter les prix des matières premières ». Il n’hésite pas à parler de spéculation et même de culture du mensonge. « Certains profitent du système et du contexte ».
« Si nous devions répercuter les hausses des tarifs des approvisionnements sans nous battre, nous ne vendrions plus nos productions. »
Le problème est que, dans les jardineries, les conséquences pourraient être dramatiques. « Si nous devions répercuter les hausses des tarifs des approvisionnements sans nous battre, nous ne vendrions plus nos productions. Elles seraient inabordables ».
Laurent Piot a dû chercher des techniques pour limiter les charges de la Ferme horticole et pouvoir limiter la hausse des prix. Concrètement, il a fortement agi sur le poste énergie et donc le chauffage. Durant une année dite normale, la facture de fuel s’élève à 13 000 €. En 2022, elle s’apprête à doubler alors l’équipe a diminué de moitié la chaleur pulsée dans les serres en la passant de 12° à 6°. Autrement dit, la chaudière se déclenche à 6° au lieu de 12° de jour comme de nuit avec les conséquences évidente sur le développement végétatif.
Un peu de patience
Le gérant explique que « la chance, cette année, est d’avoir eu des semaines d’ensoleillement et de douceur qui ont permis une pousse correcte malgré la perte de quelques plants ». Pour la partie « fleurs », la ferme dit pouvoir maîtriser la culture en maitrisant les intrants dont les prix n’ont pas encore augmenté grâce à des contrats signés l’an dernier. Pour la partie « légumes », ces représentants préviennent : « il faudra que les clients fassent preuve de patience pour acheter des plants de tomate ou de courgette. De toute façon, en Haute-Marne, il ne faut jamais s’affoler avant le 1er mai ».
Décalage de la production
Quant à la production de légumes en serre comme les salades ou les tomates, le froid impose du travail supplémentaire en termes de bâchage et de protection. Faute de chaleur naturelle ou issue de la chaudière, la mise en place des tomates a été décalée de trois semaines. Laurent Piot le redit : « il aurait été possible de chauffer les serres pour répondre à l’attente des clients mais nous aurions dû augmenter les prix des légumes et les ventes auraient été impossibles ».
Autre caractéristique de l’année : la difficulté de trouver certaines plantes spécifiques car l’amont à limiter sa production. « Tout le monde se contraint et limite les frais. Personne ne cherche à se développer ».
Enfin, la ferme exprime des craintes en matière de ventes. Non pas pour les légumes mais plutôt pour les fleurs qui n’est pas un poste prioritaire pour les ménages. Caroline Boulangé rappelle que les fleurs ont été commandées en juillet et août de l’année dernière mais que, depuis, le pouvoir d’achat en berne peut restreindre les achats. Elle explique que, « normalement, les Rameaux déclenchent les ventes mais, là, ça ne décolle pas ».
Frédéric Thévenin