Fin de bal tragique à Saint-Urbain
Carrures de rugbymen, lame de couteau, pluie de coups et plaidoiries passionnées… Epilogue d’une violente rixe de sortie de bal, la comparution de quatre prévenus s’est achevée par quatre condamnations à des peines avec sursis.
Saint-Urbain-Maconcourt, 10 juin 2010, 5 h 15 : la sortie de bal est animée. Les gars du canton ont le verbe fleuri et le vin mauvais. Abrutis par une consommation excessive de divers rafraîchissements, trois noceurs errent dans la bourgade. Alarmées par des invectives d’une infinie obscénité, deux femmes rejoignent leurs compagnons. Animés d’une éthylique bravoure, les chevaliers servants du petit matin décident de rendre plein et juste honneur aux vertus de leurs compagnes. Sculptural, Ricky Bailey fait face à trois gaillards aux carrures avantageuses. Le quadragénaire assène un coup de tête. Tyler Durden est séché. Robert Paulson vole au secours de son compagnon. Ricky Bailey essuie un direct et s’empare de son Laguiole. Le coup part et le sang coule. Touché à l’épaule, Tyler Durden parvient à prendre la fuite en compagnie de ses amis. Le jeune homme a téléphoné à son frère. Résidant à quelques kilomètres, ce dernier prend immédiatement la route. Ricky Bailey se lance à la poursuite des fuyards. Plus de cinq minutes s’écoulent. Témoin d’une scène surréaliste, passif et fluet, le compagnon d’une des femmes outragées sera balayé par un crochet de pure tradition pugilistique porté par Robert Paulson. L’homme devra être opéré. L’épilogue a pour décor le lavoir communal. Frère de Tyler Durden, Richard Chesler a gagné les lieux. Ricky Bailey également. Couteau en main, le quadragénaire s’approche. Richard Chesler se saisit d’un rondin de bois et porte un coup d’une extrême violence au visage de son assaillant. Pris en charge par les sapeurs-pompiers, Ricky Bailey se verra notamment poser vingt points de suture.
«Série de débilités»
Affichant plus de 350 kilos sur la balance, les protagonistes de cette tragique fin de bal ont comparu cette semaine devant le tribunal correctionnel. La violence des prévenus n’a pas tardé à trancher avec de succulentes algarades, Mes Benoit et Michel rivalisant de roublardise. Chacun veillait à décrire un sentiment de peur, élément déclencheur d’un déferlement de violences. «Dans la série des débilités, après les insultes proférées par mes clients, vous avez atteint le summum, lançait Me Michel à l’adresse de Ricky Bailey avant de plaider la légitime défense. Monsieur porte et un coup de couteau et il n’en reste pas là, il se lance à la poursuite de mes clients. (…) Richard Chesler arrive sur les lieux, son frère a pris un coup de couteau, ils n’ont pas le temps de monter dans la voiture et Richard Chesler voit Ricky Bailey arriver couteau en main. Qu’allait-il faire hormis se défendre ?»
Me Benoit veillait à atténuer le comportement inopportun imputé à son client. «Monsieur a mal réagi, il l’a compris, mais cet homme s’est senti menacé, il a tout simplement eu peur, soulignait l’avocat. Il n’y a pas un vilain canard et des jeunes hommes sympathiques. (…) Le coup porté par Richard Chesler a été d’une violence extrême. Ricky Bailey était à terre, il ne bougeait plus, mais Tyler Durden et Robert Paulson n’ont pas hésité à frapper cet homme au visage et au ventre ! Comment peut-on parler de légitime défense dans ces conditions ?»
Après en avoir délibéré, magistrats et citoyens assesseurs ont condamné Ricky Bailey, Robert Paulson et Tyler Durden à des peines oscillant entre quatre et six mois de prison avec sursis. Connu pour des faits de violence, Richard Chesler a écopé de six mois de prison assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve.