Filip, jamais sans sa raquette
En Ukraine, il est un espoir du tennis. Filip Zaits, 10 ans, est arrivé en France début mars, pour fuir la guerre dans son pays. Depuis un mois et demi, il a rejoint le CO Saint-Dizier/TCB où tout a été mis en œuvre pour maintenir de bonnes conditions d’entraînement.
Une raquette à la main, des baskets aux pieds. C’est comme ça que Filip Zaits, 10 ans, est le plus heureux aujourd’hui. Arrivé en Haute-Marne le 9 mars 2022, en compagnie de sa maman Olga et de son chien Pango, un imposant dalmatien, il n’avait rien. Ou presque. Tout juste quelques affaires prises dans l’urgence, sous les bombardements de Kiev, attaqué par les Russes à la fin février.
« On s’est réveillé sous les bombes. Rapidement, mon mari nous a dit de partir et de nous mettre en sécurité. Il est resté au pays et continue d’y exercer son métier d’avocat. Mais si l’armée le mobilise, il ira », raconte Olga Zaits.
Jeune espoir du tennis en Ukraine, Filip est passionné par son sport. Déraciné, sans repère, il a trouvé au club du COSD/TCB un moyen de retrouver un peu d’équilibre. Un semblant de vie normale, loin des siens. « A Kiev, Filip s’entraînait quatre fois par semaine. On a essayé de rester sur les mêmes bases. Avec nous, il fait une séance de trois heures le mercredi, joue une heure et demie le jeudi avec l’option tennis à l’Estic et alterne tennis et physique le samedi », explique Nicolas Vial, le coach bragard qui le suit.
A Verbiesles au début,
Filip hébergé désormais à Cousances
D’abord accueillie du côté de Verbiesles, à côté de Chaumont, la famille ukrainienne a cherché un club à proximité pour satisfaire les besoins de Filip. Finalement, c’est du côté de Saint-Dizier que le choix s’est orienté, avec des allers-retours plusieurs fois par semaine.
Et puis, par commodité et parce que la solidarité s’est mise en marche aussi au sein du club, Olga, Filip et Pango ont atterri à Cousances-les-Forges, chez Angélina, Stéphane, licenciés de l’association, et leurs deux fils, Marceau et Léonis. « C’est une très belle famille. Ils nous aident beaucoup », remercie Olga. « Quand on est arrivé en France, Filip était contrarié et très fatigué. Il va mettre du temps à oublier. Maintenant, il m’a dit : « maman, quand je suis au club, je me sens comme à la maison ». Il est très content. »
Récemment, Filip a participé à son premier tournoi, et même à un stage pendant les vacances scolaires. La Fédération lui a attribué un classement à 30/2, probablement un peu surévalué par rapport au niveau français, mais qu’importe. Il a aussi reçu en dons des shorts et tee-shirts de tennis par la Fondation Elina Svitolina, portée par la joueuse de tennis ukrainienne, épouse du champion de tennis français Gaël Monfils.
« Le tennis est mon avenir »
Filip Zaits, jeune champion de tennis ukrainien réfugié en Haute-Marne
« Le tennis, j’adore ça. C’est mon avenir. J’ai déjà progressé depuis que je suis arrivé ici », se réjouit-il, dans un anglais déjà correct. « Même si c’est difficile parce que je ne parle pas la langue française, je me sens bien. J’aime aussi mon école, à Cousances, où je me suis fait des copains. »
Comme Filip, ils sont près de 60 000 Ukrainiens à être arrivés en France depuis la fin du mois de février, pour fuir la guerre en Ukraine. « On espère rentrer très vite dans notre pays », insiste Olga, sa maman. « C’est notre rêve. Mon mari, ma mère et des proches sont toujours en Ukraine. Notre ancien appartement, à Irpin, a été détruit par les bombes, mais celui où nous devions emménager à Kiev est pour l’instant intact », poursuit-elle. A Saint-Dizier, tout aura, en attendant, été fait pour que cet exil forcé soit le moins indolore possible.
Delphine Catalifaud