Fidèle à lui-même – L’édito de Patrice Chabanet
Donald Trump en a encore fait des tonnes au sommet de l’OTAN à Bruxelles. Le contraire eût été étonnant. C’est sa marque de fabrique. A ses partenaires de distinguer l’esbroufe de ses intentions réelles. Ainsi hier il s’en est pris aux pays membres de l’organisation atlantique, en les accusant de ne pas mettre assez la main au pot pour assurer leur propre défense. C’était le hors-d’œuvre. Le plat de résistance, lui, était réservé à Angela Merkel. L’Allemagne a été accusée, sans autre forme de procès, d’être à la solde de La Russie. Un véritable affront pour l’ex-Allemande de l’Est qui a subi le joug soviétique. Pour autant, la brutalité du discours trumpiste ne manque pas d’une certaine habileté, car il recèle une part de vérité. Il est vrai que, proportionnellement, les Etats-Unis consacrent plus d’argent que leurs alliés pour financer l’OTAN. Il est tout aussi vrai que l’Allemagne paie encore moins pour des raisons historiques que le président américain feint d’ignorer. Les vainqueurs de 1945 ne voulaient pas, en effet, entendre parler de réarmement allemand. Cela a d’ailleurs permis à notre voisin d’outre-Rhin de se focaliser sur son développement économique et d’établir son leadership sur l’Europe. Mais c’est une autre histoire.
A l’évidence, Donald Trump s’en tient à son slogan, « America first ». En d’autres termes, la défense de l’Europe n’est pas sa priorité, et cela d’autant moins qu’elle constitue un concurrent économique sérieux. Il sait aussi que l’idée de défense européenne reste un mirage. La montée des nationalismes et autres populismes exprime une aspiration totalement opposée. Quant à l’idée suggérée par Trump de faire passer l’effort de défense à 4% du PIB de chaque Etat membre de l’OTAN, elle ferait à terme de l’Allemagne la première puissance militaire européenne, hors Russie. Une éventualité qui ne ferait pas consensus sur le Vieux continent, on s’en doute. Les coups de boutoir de Trump ont au moins un mérite : mettre au jour une Europe de plus en plus délaissée par son allié américain et sans véritable solution de rechange.