Feu de l’artifice, gloire aux écrans : Chaumont face aux réseaux
Les réseaux sociaux ont massivement réagi à cette photo, publiée par l’Agence France Presse (AFP) au soir du feu d’artifice au pied de la tour Eiffel à Paris. Chaumont n’est pas Paris, mais elle a des yeux, des vrais.
Une poignée d’amoureux qui s’embrassent au premier coup de pétard, sinon, une colonie de cinéastes amateurs, pour prouver quoi, à qui ? Qu’on s’en réjouisse, à Chaumont, les commentaires recueillis sur les réseaux illustrent un émerveillement de « ses yeux vu » et enfantin lors du feu d’artifice du 29 décembre, pas un témoignage Instagram. Pourquoi systématiquement immortaliser sur le smartphone ? Par peur d’oublier ? Pour monter aux autres qu’on « y était » ? A parier que personne ne revisualise ces vidéos un an après, avec nostalgie et faute de moments conviviaux. Le smartphone comme seul interlocuteur promet des images, mais pas plus.
Être ensemble mais à part
Se cacher derrière son écran, c’est perdre l’instantané. A Chaumont, on n’a vu que de la vie. On ne promet pas la lune, du coup, on a des terriens, ancrés dans le moment. Des moments de joie, de communauté, entre Père Noël, Père Fouettard, feu d’artifice et autre sculpteur sur glace. La retraite aux lampions n’était éclairée d’aucun flash si ce ne sont les bougies qu’on allume. Sur les photos, des sourires, pas d’écran. A ne pas vivre dans une capitale, on n’a rien à prouver aux autres. Le quotidien, le décor n’impressionnerait personne. Mais à voir ce fameux quotidien sublimé, on profite, avec les yeux. Comme quand le conjoint avec lequel on vit revêt ses plus beaux atours, ça regarde qui, à part nos yeux ? A trop partager, on perd l’instant, et l’intimité du moment. La ville de Chaumont, comme lieu de vie, dans le coeur plus que dans l’objectif. La photo et la vidéo peuvent montrer qu’un moment tient bien la pause, avec ou sans la tour Eiffel en arrière-plan. Mais à Chaumont (ou ailleurs), ça ne le rend pas moins magique qu’un autre. Avec les yeux.