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Festival Dimey : Kent, ni plus, ni moins

Accompagné de la chanteuse et musicienne Alice Animal et du pianiste Marc Haussmann, Kent sera sur scène, le 19 mai, à Nogent. (Photo Gaëlle-Astier-Perret).

Alors, que dire ? Kent, c’est un tout, tellement de choses à la fois. Plus de 40 ans de plaisirs partagés, “A 40 ans passés, la jeunesse commence” dit le poète, une folle aventure avec le groupe Starshooter puis de nouveaux voyages, des albums soignés, des pépites, “Juste quelqu’un de bien”, ça lui va si bien, “J’aime un pays”, “Tous les mômes”, la musique, mais également des bandes dessinées, des romans… A l’affiche, à Nogent, à la campagne, vendredi 19 mai dans le cadre du festival Bernard Dimey, Kent a rendez-vous avec vous.

jhm quotidien : Quel a été votre rapport aux arts au cours de votre enfance et de votre adolescence ?

Kent : Enfant, le mot “art” n’existait pas à la maison, ce mot ne faisait pas partie du langage du milieu dans lequel je vivais, un milieu plutôt prolo. Pour l’enfant que j’étais, l’art se limitait aux bandes dessinées que je lisais et à la musique qui s’échappait du transistor. Ces deux formes d’art n’étaient pas considérées comme telles à l’époque, la bande dessinée et la chanson étaient considérées comme des divertissements, ce qui ne m’a pas empêché, très tôt, de dessiner et, dès que possible, adolescent, de commencer à apprendre à jouer de la guitare, je suis alors rentré dans le domaine artistique. Au lycée, j’ai pu intégrer une classe pilote, une classe littéraire Section artistique, j’ai notamment pu suivre des cours de dessin, en marge du lycée, j’ai appris à jouer de la guitare, seul, en autodidacte, ou en suivant des cours dans un cadre associatif, au club Léo-Lagrange de Villeurbanne, notamment.

jhm quotidien : Ces premiers attraits pour la bande dessinée et la musique renvoient à votre carrière, protéiforme, vous êtes auteur, compositeur et interprète, auteur de bandes dessinées et écrivain…

Kent : Le domaine du dessin m’intéressait. Au lycée, j’ai également suivi des cours d’histoire de l’art, j’ai découvert la peinture, la sculpture. Quand je me suis mis à écrire mes textes, je me suis naturellement intéressé à l’écriture, je me suis intéressé à des auteurs de chansons, à Gainsbourg, notamment. Gainsbourg citait des poètes, je me suis donc intéressé à la poésie par extension. En terminale, une professeure m’a ouvert à la littérature, je suis ensuite venu à l’écriture, à la littérature, suite à des propositions. Un soir, à la fin d’un concert, un petit éditeur de polars est venu me voir, il m’a proposé de nourrir sa collection, je me suis lancé ce défi et j’ai pris goût à l’écriture. Ecriture, dessin, musique, je navigue selon mes humeurs, je ne prémédite rien, ça vient comme ça !

L’aventure Starshooter

jhm quotidien : Votre carrière, c’est également une folle aventure, le groupe Starshooter, cet épisode a-t-il été fondateur ?

Kent : Oui, cette expérience est fondatrice, c’est une grande chance, nous n’étions qu’un petit groupe de rock de province… C’est inimaginable de nos jours et assez compliqué à expliquer, à la fin des années 1970, le rock, en France, c’était un désert, il y avait quelques groupes tentant de se rapprocher de ce qu’on appelait le rock progressif, dans la lignée des Pink Floyd ou de Genesis, mais le rock’n roll français se limitait à des groupes de bal enchaînant les reprises avant que la soirée ne se finisse en bagarre. Cette tradition rock n’roll ne nous parlait pas beaucoup, nous avons tenté de nous rapprocher du rock progressif, sans y parvenir, nous nous sommes donc mis à faire notre musique à nous, à privilégier des thèmes parlant de notre jeunesse, ce que nous avons fait, des centaines de groupes l’ont fait en Occident, de ce mouvement est née la vague punk. Honnêtement, je le répète toujours, le premier article consacré à notre groupe était intégré à la rubrique “Punk”, quand nous avons vu ça, nous nous sommes dit « Punk, c’est quoi ? ». Nous étions en colère, sur un plan esthétique, nous avions les cheveux courts alors que ça ne se faisait pas du tout à l’époque, la provocation occupait une place importante, nous collions à l’air du temps, nous avons fait partie de cette vague. Cette expérience nous a permis d’entrer dans le monde de la musique, j’ai fait mon chemin par la suite, les groupes, ça n’a qu’un temps, sinon, ça devient des entreprises !

Accompagné de la chanteuse et musicienne Alice Animal et du pianiste Marc Haussmann, Kent sera sur scène, le 19 mai, à Nogent. (Photo Gaëlle-Astier-Perret).

jhm quotidien : Le thème de la jeunesse est omniprésent dans votre parcours, dans le milieu des années 1990, période notamment marquée par l’essor du Front national, vous faisiez état dans la chanson “J’aime un pays” d’amères inquiétudes quant à l’avenir d’un pays tant aimé. Vingt ans ont passé, quel est votre regard sur le monde qui nous entoure ?

Kent : Alors là… Que dire ? Franchement, ce monde ne me dit rien qui vaille ! Je n’aime pas la tournure que prennent les choses en France comme sur un plan mondial. Je ne m’attendais pas du tout à ça, à l’époque de “J’aime un pays”, je pensais que ce serait passager, je pensais que les sentiments profonds d’une partie de la population allaient s’estomper, mais ce durcissement a fait son chemin. Je suis abasourdi, tout ça ne me pousse pas à la philanthropie, je regarde, je suis témoin de tout ça, nous ne savons pas où nous allons, mais nous y allons, c’est assez effrayant. L’être humain est mal branlé et mal foutu, il a besoin de se foutre sur la gueule, c’est assez hallucinant. Il y a tant de choses à dire… Les choses à dire, je les dis dans mes chansons.

jhm quotidien : Venons-en à « Scherzando », votre nouvel album, pourrait-on maladroitement dire que le confinement a profité à ce projet ?

Kent : C’est assez marrant, avant l’arrivée du Covid, j’avais prévu de prendre une année sabbatique, ce que je n’avais jamais fait, j’avais décidé de prendre un peu de recul, j’avais l’âge pour, j’avais également envie, avec mon épouse, de prendre du temps pour nous, d’improviser ! Le Covid est arrivé, ça a changé la donne dans le sens où nous étions obligés de ne rien faire, ce qui n’était pas vraiment le but, nous voulions bouger, voyager… Bon, je vis en bord de Marne, j’ai pu me balader, profiter du jardin, c’était plutôt agréable, j’ai découvert le silence, un ciel dégagé, sans les traînées des avions, c’était assez incroyable, depuis, le matin, j’entends la rumeur des voitures alors que j’entendais le pinson. Pendant le confinement, la musique s’est imposée, je me suis rendu compte que je pense en chanson, c’est plus fort que moi, les idées s’accumulent… J’avais fermé le robinet, le tuyau était prêt à éclater, il a fallu que j’écrive des chansons.

Accompagné de la chanteuse et musicienne Alice Animal et du pianiste Marc Haussmann, Kent sera sur scène, le 19 mai, à Nogent. (Photo Gaëlle-Astier-Perret).

jhm quotidien : Le travail d’écriture, plus particulièrement en période de confinement, renvoie à un plaisir solitaire, mais vous aimez également partager votre passion, vous prenez une dimension supplémentaire sur scène…

Kent : J’aime ça, j’aime tout simplement ça, je prends du plaisir sur scène, je m’y sens bien, plus le public est content plus je le suis, ça mousse, j’aime cette émulation, ça fait de beaux concerts à la fin. Ça fait prétentieux, mais la scène, c’est ma manière d’être généreux, disons qu’être sur scène, donner du plaisir, je sais faire, c’est un moment privilégié. Moi, c’est mon truc, des personnes s’occupent de personnes en difficulté au sein d’associations, je les admire parce qu’elles savent le faire, elles sont nécessaires, moi, je ne sais pas faire, la seule chose que je sais faire, c’est écrire des chansons et donner du plaisir avec ces chansons, c’est mon credo.

Propos recueillis par Thomas Bougueliane

Kent est un des nombreux artistes appelés à se produire, du 15 au 20 mai, dans le cadre du Festival Bernard Dimey. Nous reviendrons, en détail, sur cette 22e édition, dans votre Rendez-vous Culture du 7 mai.

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