Ferro : « Une stratégie de l’emploi, pas du chèque »
Un mois après l’annonce d’un plan de 48 suppressions d’emplois au site de Ferro à Saint-Dizier, la contre-attaque avance. Après une réunion avec la DREETS mardi 14 mars, la stratégie de défense des emplois a été partagée par l’avocat Ralph Blindauer, qui a observé des failles à l’avantage des salariés.
Face au plan de 48 suppressions d’emplois (39 licenciements au total) à l’usine Ferro de Saint-Dizier (sous la coupe de l’américain Vibrantz) et à une délocalisation de 60 % de la production (Mexique, Espagne) malgré de bons résultats, la riposte s’organise. Mardi 14 mars, une délégation composée de membres du Comité social et économique (CSE), de l’avocat Ralph Blindauer, de l’expert Olivier Lemaire ou encore du délégué syndical CFDT Alexandre Leboeuf, ont été reçus par la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS). « Nous leur avons exposé notre stratégie. Et c’est une stratégie de l’emploi, pas du chèque. L’objectif est toujours de sauver le maximum, si ce n’est la totalité des emplois », explique Maître Blindauer une semaine plus tard, dans le cadre de sa venue pour le tournage d’un clip (à lire dans les pages Saint-Dizier).
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Jeudi 23 mars, une partie de cette même délégation – accompagnée de deux traducteurs – s’est rendue en Allemagne, rencontrer ses homologues de Coblitz : « Eux aussi sont concernés par 48 suppressions, mais cela représente la moitié de leurs effectifs. Comme nous, ils ne se bercent pas d’illusions sur les chances de survie de leur usine ». L’occasion de lancer une discussion en vue de futures actions communes. L’une d’elles étant – au conditionnel – de faire une grande réunion franco-allemande.
Failles
Pour contre-attaquer, le collectif a ciblé deux points problématiques au regard de la loi française. Il y a d’abord des délits d’entrave multiples : « Il existe trois consultations annuelles obligatoires : sur les orientations stratégiques, sur la politique sociale, les conditions de travail et l’emploi, et sur la situation économique et financière. Mais depuis des années, il n’y en a aucune. Si cela avait été fait en 2022, on aurait pu anticiper la mise en œuvre de ce plan social », souligne Ralph Blindauer pour qui, au regard des délais de prescription, le nombre d’infractions constatées en ce sens s’élève à 18. Le deuxième point – que les experts allemands ont également constaté -, c’est de l’abus de bien social. « Aux mains d’un fonds d’investissement américain, Vibrantz est passé de 750 millions à 8 millions d’euros de fonds propres. Dans le même temps, les créances envers Ferro sont de 47 millions d’euros. Où est passé l’argent ? », s’interroge l’avocat.
La bataille juridique est donc lancée. « Je ne leur épargnerai rien au pénal », prévient Maître Blindauer qui, une fois passée la délibération du CSE, déposera directement au parquet un dossier de demandes d’injonctions. En parallèle, outre le tournage d’un clip musical, d’autres actions symboliques auront lieu ces prochains jours.
La consultation de deux mois est censée se finir le 22 avril prochain. Tel est le délai d’examen fixé au CSE comme le veut la loi.
Louis Vanthournout