Faux ami – L’édito de Christophe Bonnefoy
Méfie-toi d’Internet, c’est ton meilleur ami. Et c’est justement parce qu’il donne la sensation de l’être, qu’il peut être dangereux. La maxime, si tant est que c’en soit une, ne devrait jamais quitter l’esprit de celui qui se laisse porter par la magie du web.
C’est tout le vice de cet outil qui peut offrir le meilleur, comme il peut générer le pire. On passera sur le sentiment d’impunité que peut procurer, par exemple, un Twitter où chacun peut aisément menacer, faire pression, insulter derrière son écran… sans vraiment craindre, la plupart du temps, le retour de bâton judiciaire.
Pour le reste, c’est aussi – et peut-être surtout -, l’utilisation qui est faite de la toile et de nos données par certains acteurs économiques qui enferme dans une sorte d’esclavage moderne, avec tous les excès que peut engendrer la soif de l’or. Utilisation frauduleuse d’informations plus du tout confidentielles, du coup, piratage bien sûr, traçage précis de la consultation de sites web… l’anonymat apparent, ne nous leurrons pas, est tout l’inverse de ce qu’il devrait être. Il fournit au contraire tout ce que nous aurions eu envie, sinon de cacher, en tout cas de ne pas voir utiliser.
Les mesures entrées en application hier à l’échelle européenne afin de mieux protéger ces données personnelles – le fameux RGPD – risquent de faire pschitt. Certes, on pourra désormais en théorie mieux contrôler ce qui nous concerne, mieux agir pour en autoriser ou pas l’utilisation ou même intenter des actions de groupe. Mais si ces nouveautés fixent un cadre qui était jusqu’alors mal défini, il est à craindre que… rien ne change.
Il suffit, pour s’en convaincre, de se souvenir de l’expérience Bloctel en France qui, après inscription, devait permettre de ne plus être démarché par téléphone. La sonnerie continue, encore et encore, de retentir à longueur de journée…