Faire vite – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il faut faire vite. Même si voilà maintenant plusieurs décennies qu’on nous fait de belles promesses. Qu’on nous affirme que leur visage va changer. Qu’on va y mettre les moyens. Que tout va devenir rose pour des habitants qu’on pourrait nommer les oubliés de la République, laissés pour compte d’une gestion qui a finalement abandonné les clés de la cité à ceux qui en détournent les lois.
Les banlieues. Ou quartiers défavorisés, c’est selon. Bernard Tapie devait les transformer. On retiendra surtout le côté bling-bling de celui qui surfait sur la vague du succès sous le septennat de François Mitterrand. Et qui n’arriva finalement pas à appliquer dans les quartiers les recettes qu’il vantait au sein de ses entreprises. Jean-Louis Borloo, aussi, tenta de relever le défi entre 2002 et 2004, auréolé qu’il était de belles initiatives dans sa ville de Valenciennes.
C’est à ce dernier qu’a été confiée par Emmanuel Macron l’élaboration d’un rapport sur le sujet, avant l’annonce d’un plan en mai. On ne peut pas soupçonner Jean-Louis Borloo de répondre à des ambitions politiques qu’il a semble-t-il désormais laissées sur le bord de la route. On ne peut pas plus l’accuser de ne pas connaître le sujet.
Reste que ses préconisations, autour de l’école ou de l’entreprise, ont un air de déjà vu. Et ce ne sont pas tant les moyens injectés dans le futur plan qui seront gage de succès, mais plutôt ce qu’on en fera. Construire, ici ou là, un toboggan pour les plus jeunes aura valeur de poudre aux yeux. Repenser en profondeur l’économie ou la transmission du savoir prendra peut-être un peu plus de temps, mais s’inscrira dans une voie plus constructive. Du temps, il en faut. Mais paradoxalement, il y a urgence.