Faire plier Bruxelles – L’édito de Patrice Chabanet
La solution à la crise agricole n’est (presque) plus en France, mais à Bruxelles. C’est ainsi qu’il faut comprendre le voyage d’Emmanuel Macron dans la capitale belge. Il rencontrera aujourd’hui
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, en marge d’un sommet des 27.
Au menu de leurs pourparlers, des plats indigestes : les jachères, l’accord commercial entre l’Union et le Mercorsur, l’importation de produits ukrainiens. Trois thèmes qui provoquent la collision entre un libéralisme par trop échevelé de Bruxelles et la colère des agriculteurs français hostiles à un libre-échange sans
limites.
Le durcissement du mouvement, notamment à Rungis, renforce de facto la position française à Bruxelles. Emmanuel Macron pourra se prévaloir de cette pression venue des champs, s’en faire le porte-parole en quelque sorte. En cas de désaccord, la France en ressortira affaiblie. Mais l’Union européenne n’en sortira pas grandie non plus. Elle apparaîtra une fois de plus comme un monstre froid. C’est bien pourquoi des pistes se dégageraient pour apaiser ces tensions. Il semblerait, par exemple, que l’accord sur le Mercorsur souvent présenté comme imminent serait ajourné.
Inutile de dire que le sommet d’aujourd’hui sera capital, pour reprendre une formule consacrée. Il le sera d’autant plus que sur le terrain de la contestation l’impatience frise l’exaspération.
Jusqu’à présent la confrontation entre manifestants et forces de l’ordre est restée paisible, avec ces face-à-face insolites tracteurs et blindés de la gendarmerie. Tout va se jouer dans les prochains jours.