Faire des miracles – L’édito de Christophe Bonnefoy
A l’impossible, nul n’est tenu. C’est pourtant sur l’impossible qu’Edouard Philippe mise, depuis deux jours, pour se réconcilier avec les Français. Et avec lui, bien sûr, Emmanuel Macron, qui ne peut désormais plus faire l’économie de décisions fortes. Très fortes. Il est aujourd’hui presque obligé d’aller au-delà des idées inscrites sur les cahiers de doléances ou émises lors des réunions publiques. Autrement dit, il ne peut plus donner dans la demi-mesure, tant l’attente est grande.
Le Premier ministre a ainsi placé le curseur très haut, en promettant du « puissant et (du) concret », notamment face aux députés. Le chef de l’Etat, très probablement, dévoilera très vite de grands chantiers et un échéancier, en particulier dans le domaine fiscal. Ce faisant, il ne pourra par définition pas répondre aussitôt à toutes les requêtes des Français. Ces derniers risquent de penser illico que le président de la République cherche à gagner du temps. Les quelques décisions les plus emblématiques annoncées par Emmanuel Macron pourront, elles, contribuer à calmer le jeu – si on peut le traduire ainsi – de la contestation. Mais cet impossible auquel il semble tenu par les promesses nées du Grand débat tient plutôt du miracle. Or, en économie comme dans les autres domaines qui touchent au quotidien des Français, et plus généralement en politique, lorsqu’on gouverne, le miracle n’existe pas. On ne peut donner d’une main sans reprendre de l’autre. C’est presque mathématique. Et logique.
C’est forcément à un exercice d’équilibriste qu’Emmanuel Macron va se livrer devant les Français. L’opposition l’a bien compris, ce mardi dans l’hémicycle, par la voix de Christian Jacob, notamment. Elle va à l’évidence tout mettre en œuvre pour faire perdre pied au Président.