Face au myriophylle hétérophylle, VNF a « changé sa façon de réfléchir »
Myriophylle hétérophylle. Ce nom scientifique ne vous dit peut-être pas grand chose, mais il hante les nuits des usagers du canal. Cette plante invasive a envahi les eaux depuis plusieurs années. Une expérimentation a été conduite en 2021 Entre Bourgogne et Champagne, mais elle ne sera pas reconduite. Depuis, VNF a changé son fusil d’épaule.
En 2021, sur le canal Entre Bourgogne et Champagne, Voies Navigables de France (VNF) expérimentait le Harkboot, un bateau-râteau venu des Pays-Bas capable de couper les racines du myriophylle hétérophylle, une plante exotique qui envahit le canal. Deux ans après, quels résultats a donc donné cet essai ?
Du point de vue de la société qui a effectué cet arrachage, l’expérimentation a été concluante. « La densité de la plante a beaucoup diminué là où nous sommes passés », estime Leon Sterk, le gérant Harkboot. « Mais dans une situation aussi avancée, deux voire trois passages auraient été nécessaires ».
Un avis partagé par Cécile Pestelard, référente technique environnement à la division territoriale Nord-Est de VNF, pour qui l’élimination de plante n’était pas l’objectif visé. « Il aurait fallu deux semaines pour boucler un kilomètre. Le canal compte 350 km, et deux passages sont nécessaires. Cet arrachage est donc inenvisageable », indique-t-elle. La méthode, fastidieuse et énergivore, serait également très coûteuse. Cette expérimentation ne sera donc pas reconduite.
Des interventions contre le myriophylle à l’automne et plus en été
En revanche, en se rapprochant de spécialistes à l’Université de Lorraine notamment, VNF a fait évoluer sa façon de réfléchir. « On cherche l’anticipation et non plus le traitement curatif », résume Cécile Pestelard. Jusqu’ici, les interventions s’effectuaient en période estivale. C’est désormais à l’automne que les opérations sont programmées. « Nous ne sommes plus en période de pousse, donc la repousse est plus lente alors qu’en été, elle peut atteindre 30 cm par semaine. Par ailleurs, nous n’avons pas de nutriments qui se redéposent, ni de libération d’auto-fragments, qui recréent des boutures ».
Cette nouvelle planification donne de la place et de la lumière aux espèces locales qui se réimplantent et la coupe tient « jusqu’à la réouverture de la navigation ». Un début de solution, manifestement.
Delphine Catalifaud