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Exposition au Signe : ce ne sont pas de simples gobelets

La scénographie de l’exposition a été réalisée par Béatrice Selleron.

Ce vendredi 15 décembre, le Signe donne rendez-vous pour l’inauguration de sa dernière exposition : (digital) Soba Choko. Cette fois-ci, le graphisme ne sera pas à admirer sur des affiches, mais sur des gobelets.

« Le design graphique n’est pas réservé aux affiches. La vaisselle a une surface plane, elle peut également servir de support », déclare Jean-Louis Boissier, chercheur en art et commissaire de la nouvelle exposition du Signe, dont le vernissage a lieu ce vendredi 15 décembre, au centre national du graphique. Pour l’occasion une démonstration d’impression sur céramique aura lieu.

« Puissance envahissante du numérique »

L’exposition (digital) Soba Choko présente ainsi près de 500 gobelets décorés avec toutes sortes de motifs et d’inscriptions, avec des pièces de l’époque gallo-romaine venues du musée Lugdunum, à Lyon, mais aussi contemporaines. Tous les gobelets hors vitrine peuvent être manipulés. « C’est de la vaisselle, il faut la prendre pour la voir », insiste Béatrice Selleron, scénographe de l’exposition.

« Un Soba Choko est un gobelet japonais dans lequel on mange et on boit. Il sert traditionnellement pour les plats de nouilles. Il accompagne le mouvement des baguettes vers la bouche. Il y a toujours du bouillon qui est récupéré dedans et qui est bu à la fin du repas », explique Jean-Louis Boissier.

Au milieu de ces gobelets traditionnels, le mot « digital » détone mais il n’est pas là par hasard. « Les gens se baladent maintenant avec un smartphone dans une main et un gobelet dans l’autre. Ce sont deux types de nourriture. »

Le gobelet devenu symbole du consumérisme

Ce constat a en partie amené Jean-Louis Boissier à imaginer cette exposition, mais c’est surtout un travail de recherche sur l’art dans les nouvelles technologies, comme dans les films ou les jeux vidéo, initié il y a quinze ans au Japon qui l’a poussé. A l’époque, il s’était lancé le défi de retranscrire sur un Soba Choko avec de l’encre des ondes de captation cérébrale.

Le chercheur en art aimait le contraste entre le gobelet traditionnel japonais et le numérique. « Aujourd’hui, de plus en plus de personnes cherchent à contrebalancer la puissance envahissante du numérique. On voit une fuite du digital pour un retour au fait main. En témoigne l’attrait grandissant depuis une vingtaine d’années pour les « loisirs créatifs », comme la poterie », détaille Jean-Louis Boissier.

Sauf que paradoxalement, en poterie la mécanisation, et donc d’une certaine manière la robotisation, est millénaire avec l’apparition du tour de potier vers 4 800 à 3 600 av. J.-C. Ce qui amuse le chercheur en art, qui aime également jouer les historiens contemporains. « En 1918, la grippe espagnole a mené à l’hygiénisme. Le gobelet est devenu un objet malsain. Cela a mené au gobelet jetable. Le gobelet est devenu symbole du consumérisme de notre société, aujourd’hui il est contesté pour l’écologie. Des milliards de gobelets sont jetés chaque année en France. On est passé du plastique au carton, mais les gobelets en carton contiennent aussi du plastique. »

Afin d’interroger les visiteurs sur ce sujet, toute une étagère présente des gobelets en plastique, certains jetables de grandes marques américaines, d’autres réutilisables.

Julia Guinamard

j.guinamard@jhm.fr

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