Exigences mutuelles – L’édito de Christophe Bonnefoy
On ne peut pas dire que le ministre de l’Education évite les sujets qui fâchent. Gabriel Attal n’hésite pas à mettre les mains dans le cambouis, si l’on peut dire, et à bouleverser quelque peu les habitudes, tout comme à ébranler les certitudes.
Conservateur, comme cela lui est reproché, ou à l’inverse décidé, à juste titre, à redonner à l’Ecole une assise qu’elle a peut-être un peu perdue, le voilà, en cette période naissante de fêtes, les bras chargés de cadeaux. Enfin… tout le monde ne le prendra pas comme ça.
Pêle-mêle, mais aucune des annonces n’est anodine, place à une épreuve de mathématiques en 1ère au même titre que le français, à l’obtention obligatoire du brevet en fin de 3e pour prétendre au passage en seconde, à la création de groupes de niveau au collège et au chamboulement des règles du redoublement, dont les familles perdraient le pouvoir de décision.
On sent poindre le malaise. Certains, au sein du corps professoral, crient par exemple déjà à la ségrégation au collège. Prenons la question autrement : les groupes de niveau permettront, enfin, à la fois de booster encore un peu plus ceux qu’on appelle les “bons” élèves et d’aider ceux qui ont des difficultés. Dans un cas comme dans l’autre, c’est juste logique.
Beaucoup plus largement, l’«exigence» à l’école, selon les termes du ministre, se voit mise au défi, d’une certaine manière, par une autre, de la part des enseignants. Celle des moyens. En résumé : pour redonner son lustre à l’Ecole, il faudra des moyens, et humains, et financiers. Pas faux. On voit notamment à quel point ils font défaut en matière d’inclusion, malgré les belles paroles.
Mais s’il y a exigence, c’est parce qu’il y a urgence. Le niveau de nos élèves, le constat est cruel, a dramatiquement baissé depuis des décennies. Et de façon constante.