Exercice Orion : rencontre avec les militaires de la BA 113
Depuis lundi 16 avril, les militaires de la Base aérienne 113 sont mobilisés dans le cadre de la quatrième phase de l’exercice Orion. Alors que l’ultime étape de ce test grandeur nature va toucher à sa fin, nous avons suivi une matinée sur place. Récit.
« C’est très réaliste, donc c’est encore plus intéressant pour tout le monde. » A l’instar du colonel Tanguy Benzaquen, les militaires croisés oscillent entre sérieux et excitation. Depuis le 16 avril, la Base aérienne 113 de Saint-Dizier participe à l’exercice Orion, entré dans sa quatrième phase qui concerne spécifiquement le nord-est : « C’est un exercice de grande ampleur pour préparer nos forces à des situations de haute intensité », rappelle le colonel Tanguy Benzaquen, commandant de la BA 113. L’ultime chapitre se refermera ce vendredi 5 mai.
Mobilisation
Pour l’occasion, tous les militaires du site sont impliqués dans l’opération : les forces armées bien sûr, mais aussi « les mécaniciens, les pompiers, les cuisiniers », poursuit le commandant de la BA 113, dont la mission dans cet exercice est « de s’assurer que le personnel a tous les moyens à disposition ». En revanche, la vie ne se limite pas à Orion : « Les missions du quotidien que sont la dissuasion nucléaire et la protection de notre espace aérien, continuent. »
Avant d’entrer en action, un gros travail a été nécessaire en amont pour que l’exercice – acté en 2020 et lancé en 2022 – puisse être déployé. C’était l’une des missions du capitaine Jordan* sur le territoire : « Il a fallu une année de reconnaissance pour défricher les zones disponibles, obtenir les autorisations de chaque maire… La logistique est très conséquente. » En parallèle, tout le temps de l’opération, celui qui est en charge notamment de la coordination et de la distribution des engagements des militaires, doit prendre en compte « une multitude d’acteurs avec lesquels il faut interagir. » Comme l’Armée de terre.
Découverte
Ce mardi 2 mai, à 8 h, quatre hommes sont rassemblés autour d’une table sur laquelle est disposée une énorme carte, remplie de couleurs, de traits, de notations. Le capitaine Alexandre* – pilote de l’escadron de chasse La Fayette – réalise le briefing : « Nous suivons la situation donnée par les renseignements. Là, nous allons nous rendre en appui des forces terrestres enclavées près de Mailly-le-Camp », explique le jeune militaire. Dans le cockpit, il sera accompagné du lieutenant Hugo*. Deux Kevin* de l’escadre de chasse Gascogne voleront avec eux. Les deux binômes disposent de quelques informations sur leurs ennemis qui les attendront « avec des avions et des drones ».
Une fois briefés puis équipés, les quatre militaires se rendent sur la piste de décollage pour monter à bord de leur Rafale. Ils sont accompagnés de mécaniciens qui vérifient que les biplaces sont bien opérationnels. Un petit tour de piste pour se mettre en position et place au décollage ! C’est parti pour une heure et demie d’intervention.
Prévention
Depuis le début de la quatrième phase, « 90 sorties de base ont eu lieu, ce qui correspond à environ 190 heures de vol », précise le lieutenant-colonel Christophe*, commandant de la 4e escadre de chasse. Des chiffres conséquents qui s’expliquent en partie par le réalisme du scénario car « l’exercice continue la nuit comme les week-ends », comme en cas de réel conflit.
Plus que trois jours, et l’exercice Orion touchera à sa fin. Un bilan sera fait par la suite pour déterminer les points forts et les axes de progression à l’avenir, au cas où une situation réelle se produirait : « L’objectif est de monter en puissance jusqu’en 2030. Le monde est de plus en plus dangereux, mais nous sommes préparés à ça », conclut le colonel Benzaquen.
Louis Vanthournout
*Seuls les prénoms sont mentionnés au regard des règles de protection de l’identité des militaires.