Exercice de « haute intensité »
DEFENSE. C’est dans la campagne haut-marnaise, autour de Chaumont, que se déroule l’exercice Mort-Homme. L’occasion, pendant dix jours, 24 heures sur 24, de tester la réactivité des Diables noirs face à des événements imprévus.
Voilà six mois que la manoeuvre se prépare. Mais forcément, l’attaque survenue entre-temps de l’Ukraine par la Russie ne la rend que plus actuelle. Encore plus pertinente. Car le scénario de « Mort-Homme », exercice à l’échelle du 61e régiment d’artillerie, c’est celui d’un « conflit de haute intensité », avec l’attaque du territoire national par un ennemi doté de moyens militaires équivalents (jhm-quotidien du 19 mai 2022).
« Mort-Homme », référence aux combats de 1916-1917 – un site « perdu dix fois, repris dix fois », explique le colonel Philippe Moulier, chef de corps du 61e RA -, c’est un exercice de dix jours, 24 heures sur 24, « en terrain libre », c’est-à-dire dans la campagne haut-marnaise, autour de Chaumont, ou du côté de Rolampont.
« Immense plus-value »
Ce lundi 23 mai, c’est à la salle des fêtes de Mandres-la-Côte, transformée en poste de commandement de centre de recherche multicapteur, que les Diables noirs ont accueilli leurs invités du jour, notamment la préfète, Anne Cornet, et le général adjoint au commandant du renseignement, avant de se rendre sur le terrain entre Autreville-sur-la-Renne et Bricon.
Un rendez-vous entre plusieurs averses qui ont bien compliqué – mais c’est là le but – le déroulement de l’exercice, mobilisant 300 Diables noirs, 70 véhicules du régiment, ainsi qu’un détachement du 1er régiment d’artillerie : « L’immense plus-value du terrain libre, qu’un petit nombre seulement de Diables noirs connaissaient, c’est de le mettre en pratique avec le raisonnement tactique, confirme le lieutenant-colonel Thomas. Car les conflits de haute intensité se caractérisent par des faits imprévus. » Ce qui a été le cas depuis le début de l’exercice : véhicules embourbés, pannes, pertes de liaison radio…
« Sans scrupule »
« Mort-Homme » n’est pas terminé, mais la « perte » du quartier d’Aboville, prise par « un ennemi particulièrement retors, fourbe, sans scrupule », a été un autre événement riche en enseignements. Car l’évacuation s’est faite sans détruire les données personnelles des familles, tombées ainsi aux mains de l’adversaire. Ce qui serait de nature à déstabiliser les militaires, jusqu’à présent amenés à être projetés à l’extérieur du continent, exemple dans la bande sahélo-saharienne. Là, il s’agissait d’opérations sur le sol français, près des siens, comme l’éprouvent actuellement les soldats ukrainiens.
L. F.
Un exercice majeur en 2023
« Mort-Homme » est une manœuvre régimentaire. L’an prochain, c’est un exercice d’une toute autre ampleur, majeur, qui sera organisé, et « dont une bonne partie se déroulera en Haute-Marne », précise le colonel Moulier : Orion. Ce sera l’occasion de déployer de façon opérationnelle le drone tactique Patroller, dont la livraison est attendue fin 2022, après des formations à l’automne. Pour Mort-Homme, ce sont des simulateurs qui ont été utilisés.