Exercice difficile – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ce n’était pas gagné d’avance. Disons-le clairement, Emmanuel Macron arrivait même en terrain hostile, hier après-midi au Congrès des maires.
Les sifflets parmi les 15 000 représentants des communes de France ont d’ailleurs donné le ton, dès l’entrée du chef de l’Etat dans le Parc des expositions de la capitale. Il fallait s’y attendre. Notre pays compte plus de 35 000 maires. Le problème de certains d’entre eux est on ne peut plus simple, particulièrement au sein des plus petites communes, les plus rurales en somme : arriver à concilier économies drastiques et développement – survie même – de ces minuscules morceaux de territoire. Ils ont ainsi très mal encaissé, si l’on peut dire, la suppression annoncée de la taxe d’habitation. A la pertinence des discours et de leur contenu – «la taxe d’habitation est un impôt injuste», selon le Président, les élus locaux opposent leur réalité au quotidien. Comment ne pas laisser se dégrader la voirie, comment offrir un cadre de vie agréable, comment garder praticable le terrain de football de l’équipe du village… quand les caisses sont vides. Des problèmes concrets dans lesquels chacun se sera reconnu. En Haute-Marne, particulièrement.
A ces inquiétudes, Emmanuel Macron, sur la fameuse taxe d’habitation par exemple a répondu en s’adressant… aux classes moyennes, qui seraient selon lui les plus pénalisées par l’impôt. Malin. Car au final, son discours n’avait pour but que d’utiliser les maires comme relais pour s’adresser aux Français.
Il aura, hier, avancé des propositions, notamment sur la refonte en profondeur de la fiscalité locale ou la libre initiative des communes. Mais les maires auront sans doute retenu une phrase de sa part : «Ça marche mieux quand vous l’avez voulu que quand ça vous est imposé». Voilà qui n’est sans doute pas tombé dans l’oreille de sourds…