Evolution du regard sur la psychiatrie
Jhm quotidien ouvre ses colonnes à des contributions de médecins psychiatres, internes en psychiatrie, psychologues… Elles reviendront régulièrement. Voici la première.
Les réseaux sociaux regorgent de posts sur la « santé mentale ». Cette thématique anime de nombreux influenceurs depuis quelques années.
Les créateurs de contenus puisent leur inspiration dans leur propre expérience ou bien celle de célébrités revendiquant leur « maladie psychique ».
C’est le cas notamment de Stromae qui s’est exprimé sur « L’enfer » de ses idées suicidaires dans une de ses chansons ou encore de Mariah Carey, qui a communiqué sur son trouble bipolaire.
Les révélations personnelles des personnes médiatiques sur leur santé mentale sont de plus en plus présentes et s’illustrent dans des livres, coomme celui du psychiatre J-V Blanc intitulé « Pop et psy », ou encore à la télévision, avec une même idée : déstigmatiser les maladies psychiatriques.
Malgré la mise en lumière des troubles mentaux par les moyens de communication actuels, suggérer ses propres difficultés pyschiques à son entourage ou consulter un psychiatre reste souvent tabou.
En effet, l’idée d’ « aller voir quelqu’un pour aller mieux » peut encore éveiller la crainte d’ « être fou » ou de « finir chez les fous ». Effectivement, les maladies pyschiatriques renvoient parfois une image incertaine, mal connue, pouvant faire peur. Elles sont pourtant nombreuses et nécessiteraient une meilleure connaissance de leurs symptômes afin de mieux les appréhender.
Parmi ces maladies, la plus fréquente reste la dépression, qui touche plus de 300 millions de personnes par an dans le monde et plus de 300 000 en France avec 0,3% de nouveaux cas par an. Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes.
Que pouvons-nous savoir la concernant ?
Le DSM-5 (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux et des troubles psychiatriques) en propose une définition. Intitulée épisode dépressif caractérisé dans ce manuel, elle y est définie par la présence de cinq symptômes sur une durée de deux semaines.
Parmi eux, l’un au moins des symptômes suivants doit y figurer : une humeur dépressive sur la journée ou une diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir.
D’autres symptômes complètent le tableau. Nous y retrouvons une possible variation pondérale (un gain ou une perte). Le sommeil peut être impliqué avec la présence d’une insomnie ou, au contraire, d’une hypersomnie. Le comportement peut également être en question dans l’épisode dépressif caractérisé et être marqué par une agitation ou un ralentissement psychomoteur. Une fatigue, une perte d’énergie peuvent s’inscrire au sein des symptômes. Un sentiment de dévalorisation ou une culpabilité excessive sont parfois présents. La pensée peut être touchée avec une diminution de l’aptidtude à penser, à se concentrer ou à prendre une décision. Enfin, les idée de mort récurrentes, les idées suicidaires avec ou sans plan précis peuvent également compléter le tableau.
Une consultation avec un psychiatre peut être nécessaire devant la présence de ces symptômes, en cabinet de ville ou bien au centre médico psychologique (CMP, dépendant du lieu d’habitation). Ce dernier peut alors proposer un traitement antidépresseur et/ou une psychothérapie en fonction de l’intensité de l’épisode.
Ainsi, l’information véhiculée sur les résueaux, les témoignages de célébrités, la connaissance plus fine des symptômes définissant les tableaux cliniques cherchent à leur échelle à faire évoluer l’image d’une spécialité médicale, la psychiatrie qui pâtit encore d’une stigmatisation issue d’une longue histoire, n’attendant qu’un changement de regard la concernant qui soit plus adapté à notre époque actuelle.
Justine Fouquet, interne en psychiatrie.