Deux coquelicots nommés Rouge-Gorge
Le Nouveau Relax de Chaumont affichait complet samedi pour le récital de Rouge-Gorge proposé par l’association Chants de Gouttière. Jean-Philippe et Maxime Vauthier ont régalé le public avec un remarquable florilège de la chanson française.
La plupart des spectateurs connaissaient déjà Rouge-Gorge. On se souvient que les deux frères, habitués des petites scènes haut-marnaises dans cette formule, ou avec leur groupe Tournée Générale, ont animé l’an passé les troisièmes mi-temps du festival Dimey. De l’ambiance bistrot, on est passé cette fois à un récital plus formel, livré à un public mieux assis, placé dans de meilleures conditions techniques. Les textes, cueillis minutieusement par le groupe vosgien, y ont tout gagné. On n’a là que du bon… Ferré et Ferrat, Brel et Dimey, et aussi l’ami Christian Paccoud… Tous sont accoudés au bar de la grande famille de la chanson «non crétinisante», comme dit Anne Sylvestre : Jacques Debronckart commande ses coups d’blanc à Ernest, Maurice Fanon se souvient de la petite juive et nous déchire, Henri Tachan nous fait marrer en décrivant les hommes… Il y a aussi Pierre Perret et ses messages pour Estelle, François Béranger qui ne donnera pas sa fleur, Bourvil et sa tendresse. Et puis il y a Allain Leprest, dont l’ombre plane sur la soirée, Leprest l’arraché et Bilou sa frangine. Ils sont tous là, les grands blessés du cœur et les grands malades de la vie, présents dans la voix et l’accordéon des frères Vauthier, avec toutes leurs révoltes. Sans tristesse, sans regret, non, avec juste ce qu’il faut de provisions pour reprendre la route en sifflant. Dieu que la chanson française est belle ! Dieu qu’elle est riche ! Ces textes-là n’auront jamais d’âge. Rouge-Gorge, eux, ils ont dans les trente ans. On n’a pas fini… Beaux moments, vraiment.
De notre correspondant Florent DESPREZ
Chants de Gouttière fait valser ses formules
Par le passé, les manifestations Chants de Gouttière se sont déroulées pour la plupart au bar le Saint-Jean, dans le cadre d’une soirée comprenant le repas et le concert, proposée sur deux dates, le vendredi et le samedi. D’autres lieux ont déjà été testés, sans le repas, afin d’augmenter le nombre de places et de mobiliser les artistes sur une seule soirée. Aujourd’hui, l’association est en crise interne. L’organisation des soirées n’en est pas la cause. Il faudra peut-être donner un petit coup de plumeau sur des formules qui ont roulé leur bosse ; mais sans jeter aux orties ce qui fut l’essence des soirées-cabaret : s’asseoir à une même table avec des copains, manger le menu du jour et partager une bouteille, écouter de la bonne chanson… La plus belle des salles subventionnées, avec ses fauteuils les plus moelleux et ses lumières les plus élaborées, ne sait pas faire cela. Elle sait faire autre chose, et le fait de belle manière. La Haute-Marne est devenue une référence nationale dans le domaine de la chanson française, grâce à la diversité des actions qu’elle propose. Surtout parce qu’elle se fonde sur des adhérents et des bénévoles. A ne pas oublier.
FD
Une complicité parfaite entre les deux frères.
Salle comble pour cette soirée Chants de Gouttière au Nouveau Relax.