[vidéo] Euphorie pour le retour d’Ahmed Salem  

Le jeune centre africain qui faisait l’objet d’une mesure d’expulsion est rentré à Langres mardi 16 mai au soir, où un comité d’accueil euphorique l’attendait.

« C’est incroyable ! Jamais je n’aurais pensé être là ce soir avec lui à Langres ! » C’est avec beaucoup d’émotion, que Gilberto Fonseca, président du CO Langres (COL), attendait fébrilement, entouré de plus d’une centaine de personnes, l’arrivée imminente de Ahmed Salem mardi 16 mai en début de soirée. En effet, après l’annonce surprise de sa libération le même jour en fin de matinée, des membres du club de football sont allés à Paris récupérer le capitaine de l’équipe première et entraîneur du COL.

Et quelques minutes plus tard, la voiture qui ramenait le jeune homme arrivait au chalet du club sous les applaudissements, les cris de joie et les pleurs de la centaine de personnes venues l’accueillir. C’est très difficilement qu’Ahmed Salem a rejoint le chalet accaparé et embrassé par les enfants qui ne voulaient plus le lâcher.

Un dénouement heureux pour ce jeune centre africain, qui aura vécu un véritable ascenseur émotionnel durant près de 48 heures. À son arrivée, un comité d’accueil euphorique, l’attendait au chalet du club de football ou s’étaient rassemblés les joueurs, les parents ainsi que les amis d’Ahmed et bien sûr Anne Cardinal, maire de Langres. « Je suis heureuse du retour d’Ahmed à Langres.

Il est chez lui ici. C’est sa ville et j’y tiens. » Le maire de Langres qui a, une nouvelle fois, affirmé son intention d’accompagner le club de football qui devra gérer la suite dossier de régularisation d’Ahmed Salem. « Nous serons là. Nous accompagnerons le club dans ce dossier, et surtout, nous resterons très vigilants. » 

Une autre bataille commence

Effectivement, si Ahmed Salem est de retour à Langres, sa situation n’est pour autant toujours pas pérennisée. La première étape se jouera dans les jours qui viennent. Remi Stramare, ancien président du COL et mentor du jeune capitaine, avait rendez-vous mercredi 17 mai avec une avocate dijonnaise spécialisée dans les affaires d’immigration.

« Nous ferons tout pour que le dossier de régularisation d’Ahmed soit relancé et aboutissent rapidement. Il a déjà pour lui toute son implication au sein des associations locales, son travail d’acquisition de la langue française, qu’il maîtrise, et surtout des promesses d’embauche dont nous pourrons attester », précise Rémi Stramare. Des promesses d’embauche, faite par Gilberto Fonseca par le biais de sa propre société, mais aussi du club de football, auxquelles s’ajoute celle de la Ville prête à lui proposer un contrat d’un an.

Les démarches sont donc en route pour qu’Ahmed Salem puisse obtenir un visa et retrouver une certaine sérénité. Des démarches qui vont engendrer des frais, notamment pour payer son avocat, que ses proches ont d’ores et déjà anticipés. « Nous ouvrons une cagnotte en ligne sur le site Leetchi, afin de collecter des fonds pour aider Ahmed et, pour ceux qui préfèrent faire des dons, ils pourront s’adresser directement au club qui collectera l’argent », précise encore Remi Stramare.

« Dans mon pays, je risque ma vie »

Un retour qui résonne donc comme une première victoire pour Ahmed Salem, mais la bataille est encore loin d’être terminée pour que ce jeune centrafricain puisse réellement s’installer, comme il le rêve, à Langres. « Dans mon pays, je risque ma vie. Depuis sept ans il y a, là-bas, une guerre ethnique entre chrétiens et musulmans. Tous les jours il y a des centaines de morts. Des gens tués comme des animaux. Je ne peux pas y retourner, ils ont tué ma famille, brûler ma maison, je n’ai plus rien. Ici, j’ai été accueilli avec bienveillance et je considère les enfants du club, leurs parents, les dirigeants comme ma famille », a déclaré, mardi soir, en larmes Ahmed Salem.

Patricia Charmelot