«Etre apiculteur ne s’improvise pas»
Produire du miel est extrêmement complexe et n’est pas à la portée de tous. Pour mettre fin à des idées reçues, le Groupement de défense sanitaire apicole de Haute-Marne donne des conseils et des formations.
«Mettre fin à un tas d’idées reçues.» C’est l’objectif que s’est fixé le Groupement de défense sanitaire apicole de Haute-Marne (GDSA). Il compte aujourd’hui 250 adhérents, des amateurs et des professionnels, et 16 000 ruches sur le département. Présidé par Sébastien Huvig, il souhaite promouvoir la santé de l’abeille. Le GDSA se donne comme mission de donner des clés pour prendre soin des abeilles sachant qu’«être apiculteur ne s’improvise pas ».
Pour répondre au plan sanitaire d’élevage qui lui est attribué, le Groupement travaille avec une poignée de bénévoles. Il vit grâce à ses cotisations et à une subvention de la Région. Ce plan est rempli grâce aux apports techniques et aux formations délivrées aux amateurs et jeunes amateurs. Par exemple, Alain Maréchal, secrétaire trésorier, parle d’accompagnement envers les nouveaux apiculteurs afin d’éviter certaines erreurs ou trouver des failles.
Jérémy Méthivier, apiculteur à Sexfontaines, explique que les solutions du passé ne sont plus forcément valables. «Il y a 50 ans, une ruche au fond du jardin vivait plusieurs années. Aujourd’hui, 95 % des colonies meurent si l’homme n’intervient pas dans l’année.» Un autre constat pousse à la formation : «d’une saison à une autre, beaucoup d’apiculteurs ont plus de 50 % de pertes d’abeilles en Haute-Marne». Il faut donc avoir une certaine technicité. D’ailleurs, l’investissement de base pour faire du miel est tellement élevé (1 500 €) qu’il vaut mieux s’y connaître avant de se lancer.
Quant aux raisons pour expliquer ce taux de mortalité, elles sont multiples et interactives. Pêle-mêle, les trois hommes citent le manque de diversité des cultures qui entraîne une diversité de pollens limités qui entraîne une faiblesse immunitaire. Si à cela s’ajoute la présence de pesticides, l’abeille n’est plus assez résistante pour lutter contre les maladies et les parasites comme le varois.
L’exemple concret de cet enchevêtrement de raisons est la baisse des ressources alimentaires dès juillet. Sébastien Huvig : «Les abeilles crèvent alors de faim et les colonies ne sont plus assez fortes. Il faut donc impérativement les nourrir mais aussi préserver les haies afin que le pollen soit accessible toute l’année.» Il précise : «Les agriculteurs ne sont pas les seuls concernés mais aussi l’urbanisation. Nous sommes tous responsables, dans notre propre jardin.»
D’ailleurs, le GDSA souhaite mêler à ce programme sanitaire toutes les structures concernées : les Chambre d’agriculture, du commerce, les associations comme Per Apis et donc les agriculteurs. Le but est d’apporter des connaissances et non pas de montrer du doigt telle ou telle personne. Sébastien Huvig conclut : «Le Grand-Est est une des meilleures régions apicoles de France. Préservons-la !»
Frédéric Thévenin
La prochaine formation du GDSA aura lieu le 8 septembre, à 9 h, à Juzennecourt. Pour tous renseignements, contacter le 03.25.90.87.27.
Traitement contre le varois
Pour assainir le département, le GDSA met en avant le traitement des ruches, de toutes les ruches contre le varois. Avec un vétérinaire conseil, un médicament est accessible et le GDSA fournit des conseils pour son utilisation. Mais, Sébastien Huvig le répète : «Il faut traiter et aller vers une généralisation et c’est sur la longueur que l’on mettra fin aux attaques de cet acarien.» Attention, ce dernier est difficile à détecter. Il faut faire des tests mais Jérémy Méthivier prévient : «Toutes les ruches sont infectées.»
Les bonnes pratiques apicoles
Pour préserver la santé des abeilles, quelques conseils du GDSA : nourrir les colonies pour les forcir ; forcer les colonies en population afin qu’elles résistent aux agressions extérieures ; renouveler les cadres dans les ruches ; changer les cires et en acheter de qualité ; désinfecter son matériel ; acheter des reines en France ou travailler avec ses souches pour éviter l’introduction du coléoptère (Aethina tumida) via les reines venues d’Argentine ; renouveler les reines et prendre des “locales” adaptées à la France, pas celles venues de pays étrangers au climat différent et veiller à la qualité de l’eau pour l’installation d’une reine (pas du robinet trop chlorée).