Etouffant – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les chiffres égrenés en centaines de milliards d’euros sont tellement faramineux, qu’ils finissent par ne plus évoquer grand-chose au grand public. On l’a vu au moment de la pandémie : le quoi qu’il en coûte reste une notion assez floue. Seuls les effets réels sur notre quotidien sont vraiment quantifiables.
Le raisonnement est tout aussi vrai, depuis le début de la guerre déclenchée en Ukraine par Vladimir Poutine. Pour les économistes, ce conflit pourrait coûter à l’Europe pas moins de 175 milliards d’euros. C’est beaucoup. Mais concrètement ? Concrètement, les Français ont surtout vu, dans un premier temps, le prix de l’essence exploser. Là, c’est du tangible. D’environ 1,60 euro le litre de sans plomb, on est allègrement passé à plus de 2,20 euros, et ça n’est peut-être pas fini. On n’en croit quasiment pas nos yeux et penser qu’on sortira du cauchemar après une bonne nuit est carrément utopique. Et ça ne concerne d’ailleurs pas que le carburant. Mais aussi l’énergie ou l’alimentaire. Et beaucoup d’autres domaines.
Tout s’imbrique ainsi autour d’une logique implacable. Ainsi les entreprises, elles aussi, subissent de plein fouet les conséquences de l’intervention russe et des sanctions engagées pour tenter de stopper la guerre. Parce que pour produire, elles doivent alimenter les machines. Parce que pour livrer, elles sont obligées de remplir les réservoirs. Et parce que plus largement, toucher la Russie au porte-monnaie vient aussi, par effet domino, malmener le nôtre.
Combattre… la guerre, c’est bien évidemment tenter de sauvegarder des vies. Souvent de civils. C’est aussi essayer de ne pas se laisser entraîner dans une spirale économique infernale dont on ne se remettrait que très difficilement.