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Etat d’urgence – L’édito de Patrice Chabanet

 

La France est sonnée. Le spectacle de voitures calcinées et de boutiques éventrées a figé les scènes de violence. Certes, on pressentait que cela allait mal se passer. Ça s’est très mal passé. On ne peut donc que redouter de nouveaux débordements samedi prochain, puisque un appel à manifester a été lancé sur les réseaux sociaux. Le gouvernement n’a que quelques jours devant lui pour trouver la parade à une véritable armée de casseurs, très mobiles et de plus en plus aguerris. Certains syndicats de police demandent l’instauration de l’état d’urgence et la présence de l’armée pour protéger les lieux institutionnels. Le remède risquerait d’être pire que le mal : la confrontation de militaires avec des groupes de casseurs ferait basculer la crise actuelle dans une autre dimension.

L’autre urgence pour l’exécutif est de faire rentrer le fleuve de la colère dans son lit. Et là encore, ce n’est pas partie gagnée. Plus le temps passe, moins on voit les possibilités, sinon de négociations, de contacts entre les Gilets jaunes et le gouvernement. Visiblement, les contestataires se trouvent confrontés à deux difficultés majeures : la désignation de délégués ou de porte-parole reconnus par la base, et la hiérarchisation de revendications pour le moment hétéroclites. L’exécutif pourrait avoir la tentation de jouer sur les dissensions qui apparaissent entre les éléments les plus radicaux et les «Gilets jaunes libres ». Ce jeu serait extrêmement dangereux. A exclure absolument, sauf à prendre le risque de radicalisation du mouvement. La seule porte de sortie pour Emmanuel Macron et Edouard Philippe est de lâcher du lest, et sans délai, en tout cas avant samedi. Avec une alternative redoutable : s’ils concèdent beaucoup, ils seront entraînés dans la spirale infernale des reculades ; s’ils cèdent peu, ils alimenteront le carburant d’une contestation qui pourrait s’élargir dans le pays.

Publié le 03 décembre 2018

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