Et si on parlait histoire locale ? Parnot
Serge Noirot, né à Parnot en 1934, sur la place des Bassignots, livre ses souvenirs du petit village de Parnot comptant moins de 200 âmes mais qui, de 1815 à 1861, comptait 856 habitants, et parmi eux trois notaires : MM. Pelletier, Déchanet et Briehot, ainsi qu’un vétérinaire : M. Nicolas.
Serge Noirot se remémore lorsqu’il était âgé de 5-6 ans : « A cette époque, comme fils d’agriculteur, comme tous les copains, nous partagions les travaux et les jeux simples de la vie rurale ; ici, nous avions deux écoles, la petite située à côté de la salle des fêtes actuelle et la grande école (au-dessous de la mairie) avec des instituteurs comme les époux Kaers ou d’autres comme Partick, M. Aubriet… et on ne devait pas broncher d’ailleurs, M. Kaers jetait des craies carrées aux bavards, un jour on a baissé la tête et le carreau fut cassé et bien ce fut nous encore qui étions punis ! L’école puis le catéchisme, une semaine à Pouilly au presbytère et l’autre à Parnot, c’étaient des prêtres qui nous faisaient le caté ou encore Mlle Gardiennet (là où sont domiciliés M. et Mme Pagot aujourd’hui), les prêtres se nommaient Mougel, puis Dupuis puis Richart…»
Trois cafés, une boucherie
« S’il n’y a plus de boulangerie à Parnot, j’en ai connu deux : le père et la mère Roussel (maison Pascal Cornevin aujourd’hui), puis une autre s’est installée, c’étaient M. et Mme Channaux qui louaient deux pièces de l’imposante maison place des Bassignots. Après ils ont acheté et ont fait épicerie et boulangerie, en fait c’est la dernière qui s’arrêta vers les années 1950/1955. Et bien sûr, des cafés au nombre de trois : le bistrot de Léa Simon, de Jeanne Brutel (rue des Halles) et Louise Bougeat (4, rue des Fontaines) et une boucherie tenue par Edmond Boisselier (mort subitement en 1965) puis M. Prunier et enfin Alain Godart. En plus des commerces, nous avions des artisans : deux charrons-forgerons : M. Parisot, rue des Halles s’occupait des charriots et M. Flagey était là pour ferrer les chevaux (route de Fresnoy). Existait aussi un peintre François Parisot qui travaillait à Parnot et aux alentours d’ailleurs, il œuvrait avec Joseph Raudier de Pouilly. Nous avions aussi des maçons : André Thiébaut, Denis Lambert, Maurice Cornevin (il restait à Serqueux mais sa famille était de Parnot) et Jean-Marie Siméant tous avaient des apprentis. Je ne connais pas tous les noms car beaucoup portaient des sobriquets. Et deux maquignons, Daniel et Guy Simon ainsi qu’un marchand d’aliments agricoles, Pierrot Simon. »
L’heure des comtes
« J’ai connu aussi une fromagerie tenue par M. Wittver (frère du fromager de Pouilly) mais avant il y a eu la fromagerie Lopez (vers la maison Boyé aujourd’hui, elle a pris feu) et comme aujourd’hui nous avions un comte logeant au château, il se nommait le comte Borsat puis Xavier de la Brûlerie. A l’époque du premier comte, on connaissait son arrivée car il faisait le tour de son parc en sonnant le cor ; aujourd’hui c’est le bruit de la 2 CV du comte (Hubert) que j’entends. A l’époque, les mariages duraient quatre jours et une maison existait derrière la grosse maison de la place, elle servait quand on faisait des théâtres avec les prêtres et moi-même j’ai fait ma noce là. »
« Parnot n’était pas lié à Fresnoy, cela s’est fait pour l’assainissement de l’eau. Parnot, c’est onze routes et beaucoup de maisons que j’ai vu démolies, la fontaine où s’abreuvaient les chevaux (construite avant 1900) n’a pas changé mais il y avait quatre lavoirs (aux baraques, rue de la Fontaine, vers chez Boyé et route de Ravennefontaine). Notre territoire c’est aussi le territoire de la chapelle Notre-Dame-des-Ruaux avec une belle chapelle bien décorée et ouvragée, une statue de la Vierge érigée à l’extérieur (volée depuis longtemps), une belle cascade qui faisait tourner la roue du moulin, les paysans y amenaient le blé pour obtenir une belle farine et en mars c’était la première fête, on allait tous en procession, la deuxième fête était en septembre, elle se déroulait à l’église ; le domaine des Ruaux abritait aussi des résistants durant la guerre (maison détruite, à côté de la chapelle). »
Serge, intarissable sur son village, connaît tous ses habitants, les liens entre eux, il aime « (son) Parnot » et son patrimoine local, il déplore des habitats (lavoirs…) disparus et avec un ami Robert Michelot, en 2010, ils ont refait le bénitier de l’église, un peu la boiserie et les fonts baptismaux, « juste pour que perdure ce qui existe ! ». Serge a été heureux de partager son vécu et comme il le précise, « j’aime la vie et ne suis pas prêt à partir ».
De notre correspondante Marie-Agnès Fontaine
* Les noms propres ont sans doute été mal orthographiés car lorsque l’on est jeune « on écrit comme on prononce ! », précise Serge en souriant.