Et Rachida Dati arriva – L’édito de Patrice Chabanet
Ce fut la surprise du chef : Rachida Dati nommée ministre de la Culture. Il y eut d’abord l’annonce des autres nominations, égrenées tout au long de l’après-midi. Rituel habituel et ronronnant de tout renouvellement gouvernemental. Et puis coup de tonnerre : la maire LR du VIIe arrondissement de Paris installée dans le prestigieux fauteuil qui fut occupé, entre autres, par André Malraux et Jack Lang. Le poste est redoutable : le monde de la Culture est impitoyable, sans doute plus que l’Economie. Malheur à qui ne connaît pas les codes et les intrigues. Or jamais Rachida Dati ne s’est fait connaître par sa capacité à se mouvoir dans ce milieu qu’il serait maladroit de réduire aux paillettes.
A l’évidence, le choix du Premier ministre – et certainement du chef de l’Etat – a été motivé par la volonté d’ébranler un peu plus LR, pour ne pas dire lui briser les reins. Eric Ciotti, le président du parti, ne s’y est pas trompé : la coupable a été exclue dans la foulée de sa nomination. Mais le mal est fait. Rachida Dati n’est d’ailleurs pas la seule prise de guerre de l’exécutif : Catherine Vautrin, un moment pressentie pour Matignon hérite du poste de ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités. Plus qu’un lot de consolation.
Clairement, Emmanuel Macron a choisi de faire pencher son gouvernement à droite. Fini le temps du primat accordé à des ministres issus de la société civile. Priorité à la politique, à un moment où l’électorat se droitise de plus en plus. Un basculement opéré en marginalisant le parti héritier du gaullisme.