Et donc, il y a un musée à l’hôpital André-Breton ?
Le centre hospitalier André-Breton organisait, mardi 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, une visite de son musée. De quoi en savoir plus sur le passé extrêmement riche du lieu.
Un lit recouvert de sangles, un mannequin vêtu d’une camisole de force, des outils médicaux d’un autre temps… Mardi 10 octobre, il régnait comme une ambiance de film d’épouvante dans le bâtiment Esquirol du centre hospitalier André-Breton. « Pas d’inquiétude, les soins psychiatriques ne se passent plus du tout comme ça », rassure Corine Lemey, cadre supérieure de santé en pédopsychiatrie. Car en effet, les engins décrits ci-dessus font partie de la collection du musée de l’hôpital bragard, exceptionnellement ouvert à la visite pour la Journée mondiale de la santé mentale.
La place de l’art-thérapie
En début d’après-midi, trois visiteurs étaient venus découvrir les petits trésors cachés du centre André-Breton. Huit salles, dans lesquelles on retrouve la reconstitution d’une chambre psychiatrique d’un autre temps, mais aussi les archives de la chapelle, des reliques de lieux de vie (un jukebox, un flipper…) et, bien sûr, les premiers vestiges de l’art-thérapie. Car le musée abrite aussi de nombreuses œuvres – essentiellement des tableaux – réalisées par des patients.
« L’art-thérapie permet de parler de son vécu plus facilement, en s’occupant les mains, mais aussi de mettre en lumière la représentation que l’on se fait de soi-même, et de créer quelque chose », liste la docteure Linette Tedongmo, pédopsychiatre. Elle poursuit : « Nous voyons l’évolution. Parfois, entre l’entrée et la sortie, les tableaux ne sont pas pareils. Il y a de nouvelles couleurs, les mots écrits ont changé. »
Histoire riche à travers le musée
Ce qui retient l’attention, aussi, c’est la manière on ne peut plus pédagogue avec laquelle l’histoire du centre hospitalier André-Breton est retracée dans le musée. D’abord appelé « l’île des dévotes », l’endroit où se trouve l’hôpital est devenu, pendant deux siècles, une forge. Elle a été détruite en 1650. Après la Révolution française, est érigée sur le site une usine de rebattage des boulets de canon appelée “La Foudroyante”.
Dès 1808, un dépôt de mendicité est installé sur le site de l’ancienne usine. Moins d’une décennie plus tard, les personnes valides et les enfants furent exclus du lieu, pour n’y abriter que les malades incurables et aliénés. En 1826 nait officiellement l’hospice départemental, et son emplacement initial ne doit rien au hasard. « C’était entouré d’eau, difficile d’accès, et assez excentré de la ville, donc les gens à l’intérieur pouvaient crier sans qu’on ne les entende », explique Corine Lemey.
Aujourd’hui, le centre hospitalier André-Breton n’est plus le lieu morose qu’il était au XIXe siècle. Une preuve du renouveau ? L’immense fresque murale, dans le jardin du bâtiment Esquirol, réalisée par des patients. Ne reste de cette ambiance glaçante que quelques vestiges, exposés au musée.
Dorian Lacour
Le musée du centre hospitalier André-Breton est visitable uniquement sur demande et réservation. Contacter le référent, Bruno François, au 06.31.15.66.10.