Et après ? – L’édito de Christophe Bonnefoy
Leonid Sloutski, Nikolaï Kharitonov, Vladislav Davankov. Vous ne les connaissez pas ? C’est normal. Ils ont été choisis ou programmés, en quelque sorte, pour rester dans l’ombre. Et mécaniquement placer encore un peu plus Vladimir Poutine dans la lumière. Lumineux tsar ! On n’ira pas jusqu’à illuminé Président, quoique…
Dans quelle autre démocratie du monde aurait-on pu voir les candidats d’opposition, dans une élection présidentielle, au préalable prêter allégeance à l’homme fort déjà en place ? Aucune sans doute. En Russie, c’est possible. C’est même systématique. Les vrais opposants, ceux qui ont essayé, ne sont plus de ce monde. Ou loin, très loin. Dans des camps. Hors d’état de nuire évidemment !
Pour simuler une vraie opposition, un vrai scrutin, Poutine a donc choisi les participants, à sa guise. Une manière de légitimer sa réélection. Bon sang, mais c’est bien sûr ! Puisqu’il y avait, tout de même, trois autres candidats, la victoire n’en est que plus belle ! Un peu comme si le chef du Kremlin avait dû batailler pour convaincre.
Pourtant, quelques légers signes prouvent que, peut-être, le système pourrait un jour ne plus tenir à grand-chose. Ici, c’est un isoloir qu’on incendie. Là, c’est une manifestation que pour l’instant on parvient à réprimer, mais qui un jour pourrait prendre plus d’ampleur jusqu’à devenir incontrôlable. Ailleurs, c’est la veuve de d’Alexeï Navalny qui compte bien faire entendre sa colère et prendre la tête de la contestation jusqu’à en devenir le symbole.
Reste à savoir, désormais, ce que le Président réélu fera de sa victoire forcément écrasante. C’est déjà écrit : il continuera sa folle guerre contre l’Ukraine. Et pourtant artificiellement plébiscité, il n’hésitera pas à essayer de monter en puissance, fort d’une légitimité de papier. Comme d’habitude, lui, contre le reste du monde. Et avec son peuple, au moins en apparence.