Essoufflement – L’édito de Patrice Chabanet
Les Gilets jaunes n’ont pas fait carton plein pour « l’acte 7 » de leur mouvement. C’était prévisible. Les fêtes de fin d’année constituent toujours un écueil important pour toutes formes de contestation sociale. La journée d’hier ne peut donc pas être considérée comme un véritable test. C’est le mois de janvier qui sera déterminant. Les organisateurs – même si l’originalité du mouvement est de ne pas en avoir officiellement – sont convaincus que les manifestations reprendront de plus belle dès le début de 2019. Dans certaines villes, comme Bordeaux par exemple, des formes de radicalité révèlent une volonté d’en découdre intacte.
En fait, le succès ou non des Gilets jaunes ne se mesurera pas seulement en nombre de manifestants les samedis après-midi. Il sera largement tributaire de facteurs politiques. Obtiendront-ils de nouvelles concessions du gouvernement ? Leurs idées – notamment le désormais fameux RIC – vont-elles s’imposer à travers la vaste consultation nationale promise par l’exécutif ? Conserveront-ils longtemps le soutien d’une large part de l’opinion publique qui pourrait s’inquiéter des effets collatéraux des manifs et des blocages sur l’économie du pays ?
A plus long terme, mais presque demain en raison des élections européennes, va se poser la question de la structuration d’un mouvement aux composantes disparates. Certains sont favorables à la création d’un parti politique en bonne et due forme. D’autres estiment que reprendre les codes de la politique , ce serait se déjuger après avoir dénoncé le « système ». Sans parler des partis traditionnels qui font des appels du pied aux Gilets jaunes pour les intégrer sur leurs listes électorales. La bonne vieille méthode de la récupération…Bref, le mouvement aura des choix à faire, quant à sa stratégie, à son corpus d’idées, à son organisation. C’est là qu’il sera attendu. Faute de quoi, il risque de s’effilocher comme Nuit debout.