Essey-les-Ponts : Le chantier des éoliennes toujours au point mort
Depuis le mois d’avril, un coup d’arrêt a été mis par la préfecture et la DREAL à la construction de trois nouvelles éoliennes à Essey-les-Ponts au motif qu’elles ne sont pas conformes au projet déposé. Inno Vent, l’entreprise missionnée, s’impatiente.
Si les habitants du village hostiles au projet sont plutôt contents de voir le chantier ainsi stoppé depuis huit mois, du côté de la société Inno Vent, c’est une véritable contrariété. D’où un communiqué de presse adressé aux médias il y a quelques jours. « Malgré les difficultés surmontées, les nombreux échanges, les compromis et la prouesse technique, la préfecture de Haute-Marne a pris une position administrative rigoureuse en bloquant la construction de ces éoliennes à mâts hybrides. Cette décision est intervenue alors qu’Inno Vent avait produit les mâts hybrides en Alsace. Un premier mât a déjà été monté sur le site. La raison invoquée est l’impact paysager des mâts hybrides qui sont pourtant parfaitement intégrés au paysage boisé de la Haute-Marne », écrit Camille Verhaeghe, en charge du développement éolien chez Inno Vent.
« Une première mondiale en danger »
À la base, les sept éoliennes devaient avoir des mâts en bois. Au final quatre sont classiques et les trois autres doivent adopter un nouveau look. « Seule la base des éoliennes hybrides diffère des éoliennes classiques, car elle est constituée de bois. Cela génère de nombreux avantages sur le plan écologique : une moindre empreinte sur le terrain avec une division par huit de la quantité de béton dans les fondations, une production française avec du bois français, une diminution de 315 tonnes de CO2 pour la production de ces éoliennes hybrides par rapport aux éoliennes standards, un meilleur recyclage en fin de vie des éoliennes et enfin une innovation française exportable tout à fait en phase avec la transition écologique », met en avant la société.
Pour Inno Vent, clairement, c’est une première mondiale qui est en danger. « Alors que la France peut être le premier pays au monde à accueillir les mâts hybrides, qui constituent le futur de l’éolien (…), le litige actuel est susceptible de favoriser l’émergence d’un projet similaire en Autriche. Notre design de mât est actuellement purement et simplement copié par nos voisins européens. La France perdra donc son avance technologique et industrielle et en pâtira une nouvelle fois », peut-on lire en conclusion du communiqué adressé par Camille Verhaeghe dans l’attente d’une issue à ce blocage.
S. C. S.
Des scellés posés en avril
Les quatre éoliennes mises en service à l’automne 2018 juste au-dessus du village d’Essey-les-Ponts, commune associée à Châteauvillain, ont déjà fait couler pas mal d’encre. Accusées d’être bruyantes par une partie des habitants, elles sont jugées inesthétiques pour d’autres. Les soucis liés à la réception des chaînes de télévision ont en bonne partie été résolus par la pose de paraboles, aux frais de l’entreprise Inno Vent, qui assure l’installation de ce parc éolien privé.
En début d’année, au moment du lancement de l’installation de trois nouvelles éoliennes, les dents ont commencé à grincer. Les élus – le maire de Châteauvillain et le maire délégué d’Essey-les-Ponts – ont pris leurs responsabilités et sont montés au créneau. La préfecture et la Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement (DREAL) ont stoppé le chantier de construction de la première éolienne. Dans le projet déposé, il était convenu que les mâts devaient être en bois. En raison d’un changement de sous-traitant pour Innovent, un autre type de mât a été conçu par le nouveau partenaire alsacien, avec une base en bois ajouré en structure treillis surmontée d’un tube acier. Le résultat, hybride de bois et d’acier, étant très différent, un coup d’arrêt a été mis au chantier par la pose de scellés sur demande des services de l’État.
Le fond du problème
Sollicitée pour faire un point de situation sur ce dossier, la DREAL n’a pas encore donné suite. Pour autant, on sent bien que plusieurs éléments coincent dans ce dossier et notamment les nuisances subies par les habitants, qu’elles soient visuelles ou sonores. Certes, le projet est une première mondiale, avec un système de construction hybride, plus écologique. Mais s’il avait été proposé en rase campagne, cela aurait sans doute généré moins de blocages. D’autant que sur ce site en particulier, on se retrouve avec le mélange visuel de deux architectures… Juste au-dessus du village.