Eric Abidal : « Seule la vérité du terrain compte »
Suspendu face au Togo, Eric Abidal a suivi la rencontre dans les vestiaires, en compagnie de son idole, Zinédine Zidane, également suspendu. Demain, face à l’Espagne, les deux compères devraient retrouver le terrain pour un nouveau match couperet. Le défenseur tricolore est prêt pour le combat.
En 1998, Eric Abidal a suivi la finale de la Coupe du Monde à la télé, chez ses parents, à Saint-Genis-Laval, dans la banlieue lyonnaise. Lorsque les Bleus ont été sacrés Champions du Monde, avec deux buts de Zinédine Zidane, le petit Eric était loin de penser qu’un jour il serait en équipe de France, qui plus est avec son idole, “Zizou”.
Joueur en Division d’Honneur à l’AS Lyon-Duchère, le Martiniquais va, comme beaucoup, bénéficier d’un coup de pouce du destin. Alors que des émis- saires de Monaco assistent au match de Coupe de France des Lyonnais face à Nice, pour voir de plus près l’attaquant de l’AS Lyon-Duchère, c’est finale- ment Eric Abidal, auteur du premier des quatre buts inscrits, qui tape dans l’œil des recruteurs.
En 2000, Eric Abidal signe donc à Monaco avant de suivre Claude Puel à Lille. Sous ses conseils, le défenseur lillois fait ses gammes. Ses perfor- mances ne tardent pas à attirer l’attention de grands clubs dont l’Olympique Lyonnais qu’il rejoint en juin 2004. Deux mois plus tard, il va disputer son premier match avec les Bleus, à Rennes, face à la Bosnie. Son papa est tellement fier de son fiston qu’il a précieusement gardé ce premier maillot frappé du coq. La carrière internationale d’Eric Abidal est lancée et le Lyonnais compte bien, cette fois, ne pas suivre la finale de la Coupe du Monde devant la télé. Le 9 juillet prochain, à Berlin, Eric Abidal veut être sur le terrain en com- pagnie de son idole, “Zizou”…
Comment avez-vous vécu le match face au Togo ?
Eric Abidal : «Sur le terrain, le stress est positif. Quand on ne joue pas (il était suspendu avec Zinédine Zidane), c’est différent, on est plus tendu. Avec Zinédine, nous étions dans le vestiaire, en compagnie de Pierre Repellini (représentant de la Ligue de Football Professionnel). Lors du premier but, les bouteilles d’eau ont volé, c’était le début d’une grande joie. En nous créant beau- coup d’occasions, on savait qu’après le premier but, un autre suivrait.»
Avez-vous eu peur d’être éliminés ? E.A.:«Non même si le début de la rencontre, avec des occasions mais pas de but, rappelait 2002.»
L’Espagne est confiante avant de jouer la France, qu’en pensez-vous ?
E. A. : «Ils ont fait une meilleure première partie que nous, ils sont confiants, c’est normal. L’équipe est plus jeune que la nôtre mais nous avons plus d’expérience, une technique qui est meilleure et, devant, nous avons des atta- quants qui peuvent faire la diffé- rence à tout moment. La motiva- tion et l’envie seront au rendez- vous. Seule la vérité du terrain compte.»
La France est-elle favorite ?
E. A. : «Je réfléchis comme lors d’un match de championnat. Le premier peut très bien jouer le dernier et perdre 2-0.»
Quels sont les atouts de la
France ?
E. A. : «On défend à dix devant un
gardien qui est très bon. Dans le
football, si on défend bien, on a
plus de chance de marquer des
buts. Petit à petit, les réglages se
font. Nous sommes mieux sur les
placements et dans les déplace-
ments.»
Zinédine Zidane peut-il être décisif ?
E. A. : «Il le sera. Il est prêt, c’est un compétiteur, le haut niveau, il connaît. Il apporte son expérience au groupe. Il a envie de rejouer, c’est un gagneur, on le voit à l’entraînement, il est plus déterminé que les autres. Il a à l’esprit la fin de sa carrière et cela le motive et nous motive également.»
Pour la première fois, le match peut durer 120 minutes…
E. A. : «Ce n’est pas un problème. Vingt-trois joueurs sont prêts pour aller au combat. Physiquement, nous sommes opérationnels. On a un préparateur physique qui fait du bon boulot pour que l’on soit à 100% tous les matches.»
Les tirs au but sont possibles, est-ce que le groupe en parle ?
E. A. : «On n’y pense pas trop. S’il y en a et que je joue, je le tire ! J’ai déjà tiré un penalty et je l’ai loupé, il ne faut jamais rester sur un échec.»
Un mot sur le fait que Mikaël Silvestre ait annoncé qu’il vou- lait prendre votre place ? E.A.:«Il se donne à 100%, moi aussi. La concurrence est bonne pour le groupe et je l’accepte.»
Reportage en Allemagne : Yves Tainturier